Petit manuel de libération des femmes à l’usage d’une nouvelle génération de rebelles
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29 janvier 2011
De nos jours les femmes s’entendent constamment dire qu’ « elles ont tout gagné ». Nous pouvons combiner carrières et enfants, nous pouvons devenir avocates, docteurs et mêmes premiers ministres. Il existe des lois qui fixent nos congés maternité, qui établissent le principe d’égalité salariale et qui prohibent le harcèlement sexuel. Que pourrions-nous bien vouloir de plus ?
En fait certains disent même que l’égalité des femmes est allée trop loin, que les succès des femmes ont signifié une émasculation des hommes, que leurs emplois et leurs rôles traditionnels ont été érodés. On nous explique qu’il faut aujourd’hui s’inquiéter de la réussite des garçons à l’école, en insinuant ainsi que si les filles ont obtenu de meilleurs débouchés c’est que cela doit être au détriment des garçons.
Titre original : Sexism and the System - A Rebel’s Guide to Women’s Liberation, Judith Orr, Bookmarks Publications, 2007.
Traduit de l’anglais par D. O.
De nos jours les femmes s’entendent constamment dire qu’ « elles ont tout gagné ». Nous pouvons combiner carrières et enfants, nous pouvons devenir avocates, docteurs et mêmes premiers ministres. Il existe des lois qui fixent nos congés maternité, qui établissent le principe d’égalité salariale et qui prohibent le harcèlement sexuel. Que pourrions-nous bien vouloir de plus ?
En fait certains disent même que l’égalité des femmes est allée trop loin, que les succès des femmes ont signifié une émasculation des hommes, que leurs emplois et leurs rôles traditionnels ont été érodés. On nous explique qu’il faut aujourd’hui s’inquiéter de la réussite des garçons à l’école, en insinuant ainsi que si les filles ont obtenu de meilleurs débouchés c’est que cela doit être au détriment des garçons.
Mais les femmes sont loin d’avoir tout obtenu. Nous sommes toujours payées moins que les hommes et nous portons toujours la responsabilité de la plupart des travaux domestiques. L’amour du New Labour pour le marché et sa passion pour l’assouvissement des besoins du monde des affaires a eu un massif impact sur les vies des femmes de la classe ouvrière qui portent la majeure partie de la charge occasionnée par les coupes dans les budget de la santé et des services sociaux.
Les femmes font également face à un barrage de sexisme cru s’infiltrant dans tous les pores de la société et qui semble infranchissable. L’auteure Ariel Levy a nommé ce développement « culture de la grossièreté » et pour beaucoup de jeunes femmes aujourd’hui c’est ainsi qu’elles subissent la dure réalité de l’oppression des femmes (Ariel Levy, Female Chauvinist Pigs, Pocket Books, 2006). Elles sont en colère sur le fait de grandir dans un monde où les femmes sont définies comme des objets sexuels ; la pornographie, sous couvert de magazine pour mecs, s’est hissée sur les étagères du haut, et c’est lu par des gens assis juste en face de vous dans le train ; et le strip-tease (« pole dancing ») est vendu comme un super moyen pour les femmes de rester en forme.
Beaucoup de celles en colère face à la situation des femmes aujourd’hui se définissent comme féministes. Il n’existe peut être pas une seule organisation féministe de masse aujourd’hui en Grande-Bretagne, mais en général, la principale caractéristique de l’analyse politique des féministes c’est l’argument selon lequel toutes les femmes dans la société ont un lien commun autour duquel nous devons nous unifier pour nous battre pour nos droits. Pour certaines, cette logique peut amener à considérer les hommes comme le principal ennemi, et ayant un intérêt à soumettre les femmes.
Les théories sur les origines de l’oppression des femmes ou à propos des différences de genre dans la société moderne ne sont souvent rien d’autres que l’idée mystique qui veut que « les femmes viennent de Venus, les hommes de Mars », mises sous d’autres formes. L’ouvrage de ce nom devint un best-seller il y a dix ans avec ce message qui voulait que la seule manière pour les hommes et les femmes de s’entendre c’est d’imaginer qu’ils viennent de deux planètes différentes (John Gray, Men are from Mars, Women are from Venus : how to get what you wnat in relationships, HarperCollins, 2002).
Cette manière populaire d’aborder la question des genres part du principe qu’il y a certaines différences innées dans les attributs entre hommes et femmes, comme par exemple :
Ces caractéristiques sont supposées trouver leur source dans notre biologie, sont là depuis toujours, et ne changeront jamais. Par conséquent, nos différents rôles dans la société, et la position inférieure des femmes, sont simplement le reflet de cette nature humaine invariable.
Un livre récent sur le féminisme a même essayé d’expliquer la guerre en Irak par l’agressivité inhérente des hommes alimentée par leur testostérone. « Les attaques du 11/09, les bombardements en Afghanistan, l’attaque de l’Irak et la guerre contre le terrorisme, le cycle de violence en cours entre l’armée israélienne et les auteurs d’attentas suicide, ont tous servi à mettre en lumière la violence qui prévaut dans un monde dominé par un patriarcat agressif ». (Peggy Antrobus, The Global Women’s Movement, Zed, 2004). C’est le refrain habituel qu’on entend pour expliquer la guerre.
Mais cela ne résiste tout simplement pas aux faits. Si la guerre et le métier de soldat sont si naturels pour les hommes, pourquoi est ce que les gouvernements ont ils besoin de tellement les préparer psychologiquement pour la bataille et les brise dans des camps d’entraînement brutaux ? Pourquoi tellement de soldats en service impliqués dans des conflits souffrent-ils de sérieux désordres psychiatriques, qui les mènent même dans certains cas jusqu’au suicide, causés par leur expérience de la guerre ? Dire que l’agression et la guerre viennent naturellement aux jeunes hommes est une insulte et laisse les véritables va-t-en-guerre hors d’atteinte. Que dire de Condoleezza Rice si on a cette vision du genre biologiquement déterminé ?
Car les femmes ne sont pas par nature douces et bienveillantes. Les chiffres des actes d’intimidation à l’école par exemple montrent que les filles brutalisent plus que les garçons, et les chiffres concernant les mauvais traitements envers les enfants indiquent que les mères sont aussi susceptibles de maltraiter leurs enfants par des actes de violence ou de négligence que les hommes au sein de la famille.
Donc cette vision du monde n’est tout simplement pas assez bonne. Elle est impressionniste ; considérant les idées dominantes et les cadres de la société capitaliste moderne comme des caractéristiques inchangées et intemporelles de la race humaine. Tout ce qu’elle montre c’est à quel point les idées sur les femmes et les hommes sont font partie du sens commun quotidien dans la société d’aujourd’hui, même parmi ceux qui disent vouloir remettre en cause le système.
Marxisme et oppression
Les socialistes ont un approche très différente. Nous ne pensons pas que simplement parce que les femmes sont des citoyennes de seconde zone dans toutes les sociétés à travers la planète cela signifie qu’il doit y avoir quelque chose dans notre nature humaine qui rend cette situation inévitable. En fait pour les socialistes la libération des femmes est central pour notre vision d’une société différente. Si dans une quelconque société les femmes sont encore discriminées, alors ce n’est pas du socialisme, nous n’y sommes pas encore arrivé – c’est aussi simple que ça.
Pourtant on entend souvent dire que le marxisme est économiste, qu’il ne traite que d’affaires économiques, d’exploitation et de salaire ; et qu’il n’est ni intéressé ni capable d’expliquer l’oppression des femmes. L’oppression, comme on dit, est « en dehors du modèle économique », et donc ne peut être expliquée par une analyse du capitalisme.
Donc, est ce qu’une théorie basée sur le fait que la division en classes sociales est centrale dans l’organisation de la société peut expliquer l’oppression, qui est quelque chose qui traverse toutes les classes ?
La réponse c’est que le marxisme n’est pas la série d’idées empruntée à la caricature. En fait Marx lui-même utilisait le terme « économie politique », précisément parce qu’il ne considérait pas ses idées comme traitant étroitement d’économie, mais comme une manière d’observer et de comprendre tous les aspects de la société.
Bien entendu, l’oppression ne peut être réduite à la question de classe. Toutes les femmes dans la société souffrent d’une forme d’oppression. Il suffit de regarder comment les femmes qui gagnent pourtant beaucoup d’argent à la City, où il y a eu de nombreuses affaires très publicisées de discriminations sexuelles, sont traitées par leurs collègues masculins.
Dans une de ces affaires la banque d’investissement Dresdner Kleiwort Wasserstein fut poursuivie en justice pour près de £800 millions par six femmes employées à New York qui affirmaient être traitées comme des citoyennes de seconde zone malgré des années de service. Katherine Smith, du bureau de DKW à Londres déclara qu’on l’appelait « la Pamela Anderson du commerce » ; une autre femme raconta comme on avait fait pression sur elle pour qu’elle quitte un repas d’affaires afin que ses collègues masculins puissent aller dans un bar à strip-tease ; tandis qu’une troisième déclara que les vendeurs de son département engageaient des femmes en position subalterne parce qu’il cherchaient à avoir sous les yeux une « petit régal ».
En plus de ce genre de traitement les femmes dans ces emplois supérieurs sont régulièrement oubliées du système de promotion et gagnent moins aussi bien en salaires qu’en bonus que les hommes dans les mêmes positions. Il peut paraître difficile de sympathiser avec des femmes qui ont une fiche de paie à six chiffres, et le style de vie qui va avec, mais le fait est que ce dont elles font l’expérience est une conséquence de l’oppression des femmes.
Les femmes de la classe dirigeantes sont également rabaissées quand elles sont traitées comme des trophées d’hommes riches : avoir une glamoureuse jeune femme, parée de bijoux et de vêtement de haute couture, à son bras devient juste un autre accessoire flamboyant comme une voiture à grande vitesse.
Mais reconnaître que l’oppression affecte les femmes de toutes les sections de la société ne signifie pas que l’expérience de l’oppression est identique pour toutes les femmes. L’expérience d’une femme-trophée vivant dans une grande maison avec des nounous, des bonnes et une voiture avec chauffeur est très différente de celle d’une femme travaillant dans un centre d’appel et vivant avec trois enfant dans un HLM avec deux chambres.
Le rôle que joue l’exploitation signifie que les femmes de la classe ouvrière sont plus enfermées dans leur oppression que les femmes de la classe dirigeante, qui, du fait de leur position de classe, ont plus de possibilités de surmonter les difficultés pratiques auxquelles elles font face à cause de leur genre. Elles ont plus d’indépendance économique pour pouvoir se sortir d’une mauvaise relation, payer la garderie de leurs enfants, prendre régulièrement des vacances, vivre dans des lieux décents, ne pas avoir à cuisiner tous les soirs. Ce genre d’options peuvent pas mal améliorer le fardeau bien réel que la majorité des femmes portent chaque jour.
Ainsi on ne peut pas comprendre l’oppression en la considérant comme quelque chose de parallèle mais séparé de l’exploitation de classe, et affectant de manière égale toutes les femmes. Au contraire, l’oppression est inextricablement liée aux relations de classe plus vastes. Nier les différences parfois spectaculaires entre les vies des femmes, considérer l’oppression sans reconnaître son impact de classe, amène à la fois à la minimiser et influence la manière dont on se bat contre. Car les femmes de la classe dirigeante ont un intérêt au maintien de la situation. Elles peuvent souffrir de l’oppression mais elles bénéficient aussi d’un état des choses où la classe ouvrière est passive et divisée, et où les femmes de la classe ouvrière acceptent de bas salaires. Donc les femmes de la classe dirigeante ne prendront pas part à la bataille pour remettre en cause le système.
Une explication marxiste de l’oppression commence par le fait qu’il n’y a rien de « naturel », ni à la manière dont nous vivons aujourd’hui, ni à propos de ce que nous pensons des uns et des autres et du monde. En termes d’histoire humaine, la société de classe, et le capitalisme modern encore plus, sont des formes d’organisation relativement récentes. Pendant la grande majorité de l’histoire humaine, il n’y eut pas de division en classes et l’oppression des femmes n’existait pas.
Les chapitres qui suivent examineront comment l’oppression des femmes s’est développée avec l’émergence de la société de classe, et comment les idées à propos de notre monde en général et sur les femmes en particulier découlent des différentes manières dont la société a été organisée. C’est ce qui permet de trouver une façon de se battre et de gagner une société sans oppression.
Encore aujourd’hui beaucoup d’idées sexistes à propos des femmes persistent. Les femmes sont jugées par leur style et les femmes adultes sont infantilisées en étant désignées comme « filles ». En 2005 Lawrence H Summers, qui était alors le président de Harvard, l’une des plus prestigieuses université états-unienne, déclara dans un discours que si il y avait si peu de femmes éminentes dans les sciences c’était peut être parce que les femmes n’étaient pas équipées du matériel intellectuel de base sur le sujet. Il fut obligé de démissionner et de prendre une retraite anticipée, et, par un assez juste retour des choses, fut remplacé par la première femme à occuper le poste de présidente de toute l’histoire, longue de 371 années, de l’université : Drew Gilpin Faust.
Le deux poids deux mesures en ce qui concerne les attitudes des hommes et des femmes imprègne l’opinion populaire.
Quand un homme d’un certain âge devient papa, il est le sujet de plaisanteries admiratives ; quand une femme fait de même on l’attaque pour oser défier la nature à des fins égoïstes. Mais quand une Britannique de 62 ans le docteur Rashbrook, tomba enceinte après une insémination in vitro, les commentaires de son médecin ne firent que mêler les présomptions sexistes de la société. Le docteur Severino Antinori annonça qu’il l’avait traité parce « elle est mince, blonde et en parfaite condition physique, elle remplie tous les critères de la maternité » (Guardian, 5 mai 2006). On ne lui demanda pas si il l’aurait traitée si elle ne teignait pas ses cheveux.
Tous les jours on trouve des exemples d’idées sexistes ; mais qu’est ce que cela signifie de dire que ces idées sur ce qu’on attend des gens ne font que simplement refléter notre société profondément inégalitaire, plutôt que de la produire ?
Cela signifie que nous sommes matérialistes, et que donc nous croyons que le monde dans lequel nous sommes nés, ses structures et ses formes d’organisation sociale, façonnent les idées que nous avons dans nos têtes. C’est ce que voulait dire Karl Marx dans cette citation souvent reprise : « la vie n’est pas déterminée par la conscience, mais la conscience est déterminée par la vie » (Karl Marx et Frederick Engels, L’idéologie allemande, Lawrence and Wishart, 1970, p.42).
Cela ne veut pas dire que les socialistes pensent que les idées ne sont pas importantes. Au contraire. C’est vital que nous contestions la bigoterie, que ce soit sous la forme du sexisme, du racisme ou de l’homophobie, chaque fois que nous y sommes confrontés. Mais nous pensons que ne faire que cela n’est pas suffisant, et qui si on veut avoir un impact durable sur ce genre d’idées, on doit remettre en cause le système d’où elles sont issues.
Quand Marx fit cette affirmation sur le fait que le monde matériel est prédominant, il rejetait l’idée largement répandue selon laquelle les idées étaient le problème fondamental de la société, une théorie qui considérait que si seulement on pouvait débarrasser les travailleurs de leurs idées pourries, superstitions et religions, alors le capitalisme s’effondrerait.
Cette idée que la pensée « arriérée » est la principale chose qui forge la vie des gens est un point de vue encore largement répandu. Une commission du gouvernement sur la différence de salaire entre les homme et les femmes publia un rapport en 2006 qui affirmait que les filles avaient besoin de voir leurs horizons s’élargir et leur aspirations s’élever (Women and Work Commission, 2006). Il n’expliquait pas cependant que aussi grande que puissent être les aspirations des femmes, les problèmes bien réels de comment faire avec des enfants quand on travaille devaient être surmontées.
Marx appela cette approche « idéalisme » et il la ridiculisa, pointant le fait qu’on ne peut pas surmonter la noyade en rejetant la peur de la noyade : « Il était une fois une personne vaillante qui eut l’idée que les hommes se noyaient simplement parce qu’ils possèdent la notion de la gravité. Si ils se débarrassaient de cette idée, par exemple en se disant que c’est de la superstition, une idée religieuse, ils seraient sublimement à l’épreuve de tous danger aquatique. » (Marx et Engels, L’idéologie allemande, p.37)
Donc notre vie matérielle est ce qui vient en premier. Quand un garçon ou une fille naît, ni l’un-e ni l’autre n’ont la notion du « féminin » ou du « masculin », ni de la couleur qu’il est plus approprié de porter. En fait, les coutumes d’aujourd’hui ne date que du milieu du 20e siècle. The Ladies Home Journal de juin 1918 donnait le message suivant aux mamans à propos des habits de leurs bébés : « Il y a une diversité d’opinions sur le sujet, mais la règle généralement acceptée est le rose pour els garçons et le bleu pour les filles. La raison en est que le rose est une couleur plus décidée et forte, adéquate pour le garçon, tandis que le bleu, qui est plus fin et délicat, est plus joli pour les filles. » Un bébé qui vient de naître n’a aucune connaissance des Power Rangers ou des barrettes à cheveux étincelants, ni aucune attente d’une vie future. C’est l’expérience du monde réel, ses coutumes et ses habitudes, qui modèle notre conscience littéralement du jour où on naît , et les garçons et les filles sont traités différemment à partir de ce moment-là.
Ainsi par exemple, une expérimentation classique montrant comment des bébés garçons et filles sont socialisés de manière très différente fut organisée avec un bébé qui fut présenté comme un garçon à une moitié des sujets d’études et comme une fille à l’autre moitié. Les résultats montrèrent que « quand les participants pensaient qu’ils jouaient avec un garçon, on lui offrait des jouets comme un marteau ou un hochet, tandis que si les participants pensaient jouer avec une fille, on lui offrait une poupée. Mais ce qui était le plus frappant était le fait que les participants touchaient également le bébé différemment. Les ‘garçons’ étaient souvent soulevés en l’air…alors que les filles étaient touchées de manière plus douce et moins vigoureuse » (Henry Gleitman, Alan Fridlund and Daniel Reisber, Basic Psychology, W.W. Norton, 2000).
Mais nul besoin de regarder les revues académiques pour trouver des exemples sur comment les différences de genres chez les bébés et les enfants sont considérées comme allant de soi et perpétuées. Il suffit par exemple de regarder n’importe quel magasin de jouet. Un distributeur obligeant inclut les conseils suivants sur son site web : « Les garçons sont souvent plus actifs physiquement que les filles, donc les garçons préfèrent des jeux actifs et bruyants, et les filles choisissent des formes de jeux plus sociaux et passifs » (www.toyworldstore.co.uk/student4.asp).
Ceci n’est pas un argument pour dire que les garçons et les filles sont identiques. Ils ne le sont clairement pas : ils ont des corps différents, des hormones différentes. Mais c’est la société qui façonne la manière dont les différences sont exprimées, renforcées et valorisées. La testostérone n’équivaut pas nécessaire à « agression » ; cela peut signifier plus de créativité par exemple. Même si un-e enfant est élevé dans une environnement familial qui rejette délibérément les stéréotypes de genre, elle/il ne vit pas dans une bulle. Dans le monde extérieur il y a de moins en moins de jouets ou d’habits à offrir pour les enfants qui soient sans orientation de genre.
C’est pourquoi si les garçons grandissent en étant plus à l’aise dans des jeux où on se pousse et on tombe, et les filles aiment faire comme si elles organisaient des goûters, one ne peut pas expliquer cela comme découlant simplement de différences instinctives et intemporelles, mais il nous faut comprendre comment ce que la société attend des gens, et qui s’exprime souvent inconsciemment, joue un rôle.
En fait, ce qui rend l’être humain unique est le fait que si peu de comment on vit est commandé par l’instinct ou des réflexes établis génétiquement, à la différence de la vaste majorité du monde animal. Bien que nous faisions partie de la nature et que nous y vivions, respirions et mourrions, notre capacité à une pensée réflective consciente fait de nous des organismes vivants distincts.
Même les aspects les plus basics et essentiels de notre existence, le besoin de trouver un abri, de la nourriture et de l’eau, ne sont pas impulsés par l’instinct. Nous ne sommes pas recouverts de fourrure ou de plumes, pourtant nous avons été capables de trouver des manières de vivre dans une large série de formes d’habitations, de l’Arctique à l’Amazonie, ce qui aurait été impossible si nous étions simplement préprogrammés. Non seulement les êtres humains vivent sur toute la surface du globe, mais également la manière dont nous satisfaisons nos besoins fondamentaux aujourd’hui est très différente de celle d’il y a des milliers d’années. Les êtres humains vivent ou ont vécu dans des igloos et des barres d’immeubles, des cavernes et des vaisseaux spatiaux ; on ne peut pas dire de même pour les structures de vie des oiseaux ou des ours, par exemple, qui ne vivent que dans des habitats spécifiques et dont les moyens de survie sont restés inchangés depuis des millénaires.
Donc quand le travail humain conscient entre en interaction avec l’environnement, il ne transforme pas seulement la nature : nous sommes aussi transformés par le processus. Les nombreux changements dans la manière dont nous effectuons nos travaux et tâches a produit différentes manières d’organiser la société et différentes conception sur ce qui est naturel, différents « sens communs » à propos du monde.
Ainsi par exemple à l’âge de bronze, durant la révolution industrielle ou sous un capitalisme avancé il y a eu différentes idées à propos de la propriété, de la famille, de la religion, contrairement à ce que le dessin animé Les Pierre à feu qui transporte la famille archétypal des années 1950, avec sa voiture et ses voyages au supermarché, à l’âge de pierre.
Dans une société de classe où une minorité veut se maintenir au pouvoir, les idées dont l’effet est d’encourager la croyance qu’il y a quelque chose d’inévitable dans la nature de toute société donnée sont intensifiées et encouragées par la classe dirigeante qui bénéficie le plus du maintien du statu quo.
Marx déclara que « les idées dominantes sont les idées de la classe dominante ». il voulait dire par là que la classe dirigeante possède les moyens de reproduire les idées. Aujourd’hui ce sont les stations de télévision, les journaux, les compagnies de cinéma ou les chaînes de radios. Tous les jours nous sommes bombardés d’informations, dont certaines ont ouvertement pour but de diriger nos pensées et notre comportement, comme par exemple la publicité ; et dont d’autres agissent de manières plus subtiles pour forger nos opinions.
Cela veut-il dire que nous sommes comme des coquilles vides aspirants toutes les saletés qu’ils nous balancent dessus, absorbant toutes les « idées dominantes » ; ou est ce que les socialistes pensent que les idées émanant d’une société inégalitaire sont fixés jusqu’à ce que cette société soit renversée ?
Non. La société de classe n’est ni statique ni stable, et ne l’a jamais été. Les idées et les formes de contrôle peuvent être acceptées ou être combattues. Des idées qui étaient acceptées pendant des générations et des générations, on peut s’en débarrasser en une seule.
C’est pourquoi Marx a aussi écrit que « l’histoire de toutes les sociétés est l’histoire de la lutte des classes » (Marx et Engels, Le manifeste du Parti communiste, Bookmarks, 2005). La contradiction au cœur du capitalisme, le fait qu’une minorité tente de maintenir son contrôle sur la vaste majorité d’entre nous, signifie qu’il y a une constante tension qui sous-tend la surface apparemment lisse de la société. Elle explose parfois en révolte ouverte sous la forme de grèves et de manifestations, ou peut juste exister sous la forme d’un état d’esprit d’amertume, invisible mais tangible.
En Grande-Bretagne aujourd’hui, on n’a pas besoin d’être mis sous la menace d’un fusil pour se lever et aller bosser : on le fait volontairement. On supporte de rester debout dans des trains bondés et chers. On fait ses courses, on révise ses examens, on s’occupe de ses enfants, on attend son traitement à l’hôpital. La plupart du temps il semble qu’il n’y ait pas d’alternative. Mais quand une section de la classe ouvrière remet en cause une quelconque part de cette configuration, parfois en demandant une augmentation, ou en résistant à la fermeture d’un hôpital, les gens commencent à s’interroger sur les autres choses qu’ils avaient accepté auparavant. Ca peut être n’importe quoi, du pouvoir des média et de l’Etat, à la perception de ses collègues du boulot.
Les socialistes ne veulent pas seulement attendre pour voir si les idées dominantes de la société changent dans notre sens. Les femmes et les hommes sont plus que les objets passifs de l’histoire. Nous sommes activement à en première ligne des campagnes, des manifestations et des remises en cause quotidiennes des idées généralement acceptées sur tous les aspects de la société, que ce soit sur le fait « qu’on ne peut pas se permettre de financer le système de santé » ou que la famine dans les pays en voie de développement n’est rien qu’une « désastre naturel ». En fait contester ce genre balivernes est une des tâches les plus importantes pour les socialistes. Il est crucial que nous contestions les sales idées à chaque fois qu’elles apparaissent. Elles nous divisent, nous affaiblissent, et nous conduisent à nous accuser les uns les autres pour tout ce qui ne tourne pas rond dans le monde, plutôt que de voir le véritable ennemi.
Les origines de l’oppression des femmes
La société n’a pas toujours ressemblé à ce à quoi elle ressemble aujourd’hui. Même au 21e siècle avec la mondialisation et les voyages aériens de masse, il y a encore, de manière assez incroyable, une diversité de coutumes et de manières de vivre dans différentes parties du monde. Et jusqu’à très récemment il existait des sociétés où la famille et la position des femmes était très différente d’aujourd’hui.
S’il y a un livre dont on peut dire qu’il a révolutionné la manière dont nous analysons les origines de l’oppression des femmes, cela doit être L’origine de la famille, de la propriété et de l’État par Frederick Engels, le grand ami et collaborateur de Marx. Il développa pour la première fois une analyse du passé qui montra que pendant la grande majorité de l’histoire de l’humanité les femmes n’étaient pas opprimées ; il n’y avait pas d’État ni de propriété privée. Il influence encore el débat sur cette question aujourd’hui, malgré le fait qu’il ait été écrit en 1884, peu de temps après que Darwin ait publié son ouvrage d’avant-garde L’origine des espèces en 1859.
Il y a eu de nombreuses avancées dans la connaissance des premiers êtres humains et de la préhistoire depuis l’époque où Engels écrivait et qui prouvent qu’il commit des erreurs par rapport à certaines hypothèses et exemples. Mais ses prémisses de base ont résisté à l’épreuve du temps.
Il observa les études des sociétés dont on pensaient qu’elles avaient été très peu touchées par le monde moderne. Il les considéra comme des restes de sociétés passées sans classes et fut d’avis qu’elles éclairaient même l’organisation de sociétés antérieures. Ces études étaient principalement l’œuvre d’hommes blancs de la classe moyenne, parfois avec une expérience religieuse, avec tous les préjugés et les partis pris de leur époque et de leur classe. Mais elles révélaient souvent des relations entre hommes et femmes très différentes de celles de la société capitaliste.
Les arguments d’Engels à ce propos sont prouvées par des témoignages, méticuleusement rassemblés par l’anthropologue Eleanor Leacock et d’autres. Ils montrent qu’il n’y avait aucune domination des hommes sur les femmes parmi les groupes de chasseurs-cueilleurs nomades que les occupants européens rencontrèrent du 17e au 19e siècle. (Eleanor Burke Leacock, Myth of the Male Dominance, Monthly Review, 1982). Leacock raconte comment les missionnaires jésuites, qui partirent « civiliser » ceux qu’ils considéraient comme des sociétés arriérées et encourager les gens à vivre selon les valeurs occidentales contemporaines, furent choqués de trouver des sociétés qui n’avaient pas de dirigeant permanent ni de structures familiale de type européen, et aucune notion de l’autorité masculine ou de la chasteté féminine.
Ernestine Friedl a raconté comment, dans beaucoup de ces sociétés, « les décisions individuelles sont possible aussi bien pour les hommes et les femmes concernant leurs routines quotidiennes… Hommes et femmes sont pareillement libres de décider comment ils vont passer chaque journée : si ils vont aller chasser ou cueillir, et avec qui » (Ernestine Friedl, Women and Men, an Anthropologist View, Holt, 1975, p.17).
Richard Lee a décrit comment, même aussi tardivement que dans les années 1960, parmi les !Kung de l’Afrique du sud ouest, il n’y avait ni classe ni hiérarchie de genre, avec les hommes et les femmes également impliqués dans les prises de décisions communautaires et libres de décider leurs propres schémas de vie individuelle (Richard Lee, The !Kung San : Men, Women, and Work, in a foraging Society, Harvard University, 1979).
Tous ces témoignages prouvent une chose irrévocablement, c’est qu’il existe et qu’il y a eu différentes façons de vivre et différentes manières dont hommes et femmes ont organisé la société. Cela en soi est une preuve qu’il n’y a rien de « naturel » ou de pré-ordonné dans la façon de vivre aujourd’hui.
Ce petit fait a des implications révolutionnaires. Car les gens disent souvent que l’égalité des femmes ou n’importe quelle sorte de société socialiste est impossible parce que cela ne correspond pas à la nature humaine.
Les « chasseurs-cueilleurs » nomades que Leacock, Friedl et Lee étudièrent étaient des sociétés qui vivaient en petits groupes de 40 et quelques personnes. C’est ainsi que les êtres humains modernes ont vécu pendant plus de 90 % des 100 000 et quelques ans où ils ont été sur terre. En comparaison le capitalisme industriel dans lequel nous vivons aujourd’hui existe seulement depuis moins de 0.023% de cette période.
Le terme chasseur-cueilleur est lui-même légèrement trompeur. Il suggère le stéréotype du « Grand mâle chasseur ». Mais les femmes jouaient un rôle central dans la production, puisque la plupart des la nourriture venait de la cueillette de noix et de baies et de petites parties de chasse qui étaient aussi faites par les femmes. Elles étaient capables de combiner maternité et travail productif pendant que les hommes partageaient la garde des enfants. Les grandes parties de chasse, qui étaient généralement faites par les hommes, étaient moins fiables et plus sporadiques. Ces sociétés connaissaient une division du travail, mais, crucialement, aucune différence de valeur n’était conférée aux différentes sortes de travail. Engels appela cela du « communisme primitif ».
Donc, si ce genre de société égalitaires a existé pendent des dizaines de milliers d’années, qu’est ce qui a changé ? Pourquoi l’oppression des femmes a t-elle émergé ? C’est une question qui est encore fortement débattue aujourd’hui.
Ce que nous savons de sur c’est qu’il y a environ 10 000 ans des groupes de gens dans divers parties du globe commencèrent à combiner la chasse et la cueillette avec la plantation de graines pour faire pousser des plantes et à domestiquer certains animaux.
Cela nécessita un changement radical dans la vie des gens. Les chasseurs-cueilleurs étaient la plupart du temps en déplacement tout au long de l’année, du fait que le groupe allait de place en place pour chercher des denrées sauvages. Les premiers agriculteurs, au contraire, pouvaient rester au même endroit, près des récoltes et des animaux domestiqués. Ils pouvaient donc stocker des aliments et accumuler d’autres formes élémentaires de richesse. Les relations entre hommes et femmes commencèrent aussi à changer.
Les parents chasseurs-cueilleurs ne pouvaient avoir qu’un seul enfant en même temps, puisqu’ils devaient le transporter avec eux chaque fois qu’ils changeaient de lieu. Les premiers agriculteurs n’eurent plus besoin de restreindre les naissances – et puisque plus d’enfants signifiait finalement plus de gens pour planter et récolter, un fort taux de natalité avantageait tout le monde.
Cela ne réduisit pas automatiquement la position des femmes. Pendant encore plusieurs milliers d’années – et même jusqu’au beau milieu du 20e siècle dans certaines parties du globe, les femmes furent aussi centrales dans la production de l’agriculture qu’elles l’avaient été pour la chasse-cueillette. Les instruments de l’agriculture étaient légers. – la houe et la pioche. Les femmes continuèrent à être centrales dans la prise de décision, et la famille était très différente de ce que nous connaissons aujourd’hui.
Mais alors que l’agriculture devenait plus complexe et impliquait des tâches plus lourdes, celles-là tendirent à être dévolues aux hommes. Les femmes étaient empêchées de les effectuer à cause des fréquentes grossesses qui étaient désormais la règle. Cela commença à avoir un impact significatif sur le rôle des femmes dans la société. Il se développa une division entre le rôle de plus en plus privé et récurrent de la reproduction, accompli évidemment par les femmes ; et la production socialisée, de plus en plus faite par les hommes.
Une des expression de cela fut la perte de plus en plus grande d’autonomie des femmes. La continuité de la production dépendit de la continuité de la lignée male. L’héritage de la propriété de père en fils devint important pour la première fois – et avec cela la monogamie pour la femme, afin de s’assurer qu’elle avait seulement des enfants « légitimes ».
La croissance de la production donna lieu pour la première fois à un surplus bien au delà de ce qui était nécessaire pour nourrir et vêtir tout le monde. Ceux qui contrôlaient ce surplus étaient dans une position privilégiée comparé à tous les autres. Des hiérarchies apparurent pour la première fois. Et puisque les hommes tenait un rôle dans la production du surplus que les femmes n’avait pas, c’était une minorité d’hommes qui était au sommet de la hiérarchie – au dessus des femmes, mais aussi au dessus des autres hommes.
Une fois qu’il y eut du surplus il y eut aussi quelque chose d’autre qui n’existait pas précédemment – un motif pour la guerre entre une société et ses voisins. Encore une fois les nécessité de l’éducation des enfants signifiaient que les femmes étaient très, très rarement soldates – et donc destinataires des richesses qui pouvaient provenir de la conquête.
La famille telle que nous la connaissons, la propriété privée et l’Etat émergèrent tous en même temps.
La biologie des femmes joua un rôle dans tout cela, mais pas au sens où elles étaient inférieures aux hommes de façon innée. En fait c’est plutôt que pendant une période de l’histoire, le rôle que les femmes jouaient dans la reproduction exclut la grande majorité d’entre elles de jouer un rôle central dans des développements sociaux clés.
Les femmes devinrent subordonnées à tous les niveaux, et cela se réfléchit dans l’idéologie. Ainsi par exemple le mot « famille » a son origine dans le mot latin servant à désigner l’esclave domestique : « familia » était le nombre total d’esclaves appartenant à une seul homme.
Engels appela ce développement « la défaite historique mondiale du sexe féminin ». Et c’est bien ce que ce fut. La reproduction privatisée au sein de la famille et la production sociale ont façonné et continuent de façonner la vie des femmes et des hommes dans la famille jusqu’à aujourd’hui.
La famille a connu beaucoup de transformations différentes au cours de milliers d’années, de la famille étendue avec plusieurs générations vivant sous le même toit et produisant tout ce dont elle besoin des bougies au pain, jusqu’à la petite famille nucléaire qui est aujourd’hui une unité de consommation.
Alors, pourquoi la famille continue de jouer un rôle important dans la société au 21e siècle, même dans les endroits du monde où la lourde charrue a été remplacée par la technologie, rendant la force physique inutile, où les femmes peuvent contrôler leur fertilité et tiennent un large rôle en dehors du foyer ?
Marx lui-même pensait que la famille disparaîtrait au cours de révolution industrielle La famille féodale fut écartelée quand les femmes et les hommes furent expulsés de leurs bouts de terre et aspirés dans les villes en augmentation pour survivre en vendant leur force de travail contre un salaire. Les femmes, et souvent aussi les enfants, travaillaient de longues heures dans les nouvelles manufactures et usines . les femmes étaient considérées comme particulièrement bien adaptées pour le travail dans les mines de charbon. À moitié nues à cause de la chaleur, elles pouvaient tirer des chariots de houille dans les conduits les plus étroits. Il semblait alors que la famille allait s’écrouler sous la pression, mais elle s’est avérée remarquablement résistante et flexible.
Tout d’abord, il y eut une reconnaissance grandissante des bénéfices, aussi bien idéologiques qu’économiques, pour les patrons que leurs travailleurs se raccrochent à leurs familles. Par exemple, si on voulait que la future génération de travailleurs deviennent en grandissant des adultes en bonne santé, et encore plus important, productifs, alors il était peut être mieux que les femmes n’accouchent pas dans les usines. Si les hommes avaient à soutenir financièrement une famille dépendante, alors peut être qu’ils seraient plus fiables et moins enclins à créer des problèmes. La législation contre l’emploi de femmes dans certains métiers et la propagande exaltant les vertus de la famille servirent à la fois à persuader et à obliger les travailleurs de s’adapter.
Mais beaucoup de travailleurs eux-mêmes se battirent pour préserver la famille durant cette époque. Elle devint importante précisément parce que leurs vies avait si brutalement été déchirées et semblait à la merci des nouveaux pouvoirs invisibles du capital. La famille en vint à représenter un lieu de refuge et de réconfort en comparaison des longues et rudes heures dans les nouvelles usines qui faisait que les êtres humains ne se sentaient pas plus que des rouages du système.
À la même époque les femmes de la classe dominantes étaient considérées comme des fleurs délicates à protéger. Elles pouvaient tomber en pamoison sur des chaises longues et avec des sels si elles se sentaient amoindries de ne pas recevoir d’invitations pour le bal. Si elles levait le petit doigt c’était simplement pour jouer du pianoforte ou pour coudre quelque broderie. Pour ces femmes, la famille était une affaire de statut et de production d’héritiers, et leurs vies ne pouvaient être plus différentes de la masse des femmes ordinaires si elles avaient vécu à des siècles différents.
Pourtant c’est la famille bourgeoise qui fut maintenue et imposée comme un modèle pour toute la société. Des boutiques de créateurs et la gym ont peut-être remplacé le pianoforte pour les femmes riches d’aujourd’hui, mais le modèle reste l’idéal, et la différence entre leurs vies et celles de la plupart des femmes est toujours flagrante.
Cette convergence d’intérêts entre les besoins de la classe dirigeante d’utiliser la famille comme une unité stabilisante, et les besoins des travailleurs de préserver une part de leur vie qui offre de l’amour et du soutien, « un refuge dans un monde sans cœur », est toujours une caractéristique du rôle de la famille aujourd’hui.
Bien sûr personne ne se marrie ou ne s’installe avec quelqu’un-e en se disant « mettons nous ensemble et reproduisons la nouvelle génération de la force de travail ! ». Avoir ou faire partie d’une famille est considéré comme un élément positif dans la vie des gens. Une famille stable et heureuse est quelque chose que l’on recherche ; dans un monde qui est un véritable coupe-gorge votre famille peut être le seul endroit où vous trouvez un amour et un soutien inconditionnels.
Ceux qui n’ont pas de famille du fait de deuil, migration ou brouille quelconque, sont objets de compassion. D’autres sont victimes de discrimination comme les personnes homosexuelles.. Aujourd’hui pourtant, l’arrivée du partenariat civil, le nombre e lesbiennes qui ont des enfants, et les pressions pour changer la loi qui empêche les couples homo d’adopter, tout cela révèle de profonds changements d’attitudes. Le désir d’appartenir à une famille peut être très profond, même parmi ceux qui ont été rejeté par l’institution par le passé.
Mais malheureusement, pour beaucoup de gens les espoirs de faire partie d’une famille heureuse sont souvent brutalement brisés. Loin d’être un refuge la famille peut devenir un endroit très dangereux.
Les chiffres particulièrement choquants de la violence domestique en Grande-Bretagne sont là pour en témoigner. En moyenne, tous les jours deux femmes sont tuées par leurs partenaires ou ex-partenaires et près de la moitié des femmes victimes de meurtre sont tuées par un partenaire ou ex-partenaire. Le viol au sein du mariage était légal jusqu’à ce que cela soit changée à l’occasion d’une affaire en justice aussi tard que 1991. La loi ne fut formellement changée qu’en 1994. Les partenaires du moment (de l’attaque) étaient responsables de 45 % des viols signalés au British Crime Survey. Les personnes « étrangères » n’étaient responsables que de 8% des viols. Les enfants sont également bien plus susceptibles de subir des violences de la part d’adultes au sein de leur famille, y compris de leurs mères, qu’ils ne le sont d’étrangers dans la rue.
C’est justement parce que la famille peut être la partie de votre vie dont on vous apprend à attendre tellement que quand cela échoue l’impact peut créer une cocotte-minute d’espoirs déçus et d’amertume aux résultats tragiques.
Le rôle économique de la famille
Hommes et femmes se serreront la ceinture et feront des économies, se priveront, travailleront de longues heures et feront des sacrifices incalculables simplement pour être capables de nourrir leurs enfants, ou s’occuper d’un parent âgé ou d’un membre de leur famille handicapé. Imaginez combien de tels soins coûteraient s’ils étaient financés par l’Etat. Même le peu d’aide économique que l’Etat-providence donne effectivement est constamment attaquée.
Les politiques du New Labour de coupes dans la protection sociale ne servent qu’à augmenter la charge économique, physique et psychologique des familles individuelles, ce qui veut dire des femmes, et des femmes de la classe ouvrière par dessus tout. En plus du pire système de garderie d’Europe, les maisons de retraite pour personnes âgées sont fermées pour cause de manque de fonds, les soins infirmiers aux personnes âgées ne sont proposées que pour ceux gravement malades et les hôpitaux expulsent les malades plus vite pour satisfaire des objectifs nébuleux. Si nous n’acceptions pas la charge, si la simple décence humaine, l’amour et la solidarité n’existaient pas, la société tomberait en morceaux.
Mais simplement pour s’assurer que les femmes ne refusent pas leur rôle, elles sont soumises à une attaque idéologique sans fin de la part des politiciens, des media et de la publicité qui font l’éloge de la famille et du rôle de la femme en son sein comme central dans sa vie et pour son épanouissement. L’attrait pour des images d’enfants propres, en bonne santé et bien nourris est indéniable, bien moins évidente est la campagne qui cherche à nous convaincre qu’il n’y a rien de plus satisfaisant qu’un carrelage nettoyé au Flash et un salon sentant bon des fumets fabriqués.
Le rôle idéologique de la famille
La famille est l’endroit où la plupart d’entre nous est socialisée, où nous apprenons les règles de la société, des rôle de chaque genre au principe de hiérarchie. Nous apprenons aussi que quand il y a des problèmes, il y a une formidable pression pour « garder ça dans la famille ». Car la famille nucléaire peut générer en son sein un sentiment de communauté, mais sert aussi à atomiser les gens au sein de la société dans son ensemble.
Un nombre indéfini de produits sont vendues comme étant vitaux pour la vie d’une famille heureuse, des machines à laver aux ordinateurs personnels. Le message c’est que tous vos rêves peuvent se réaliser sou un seul toit. On nous encourage à voir les problèmes comme la pauvreté ou la violence comme reflétant les insuffisances personnelles de membres de la famille, en général des parents, et non pas comme une image des priorités et des défauts de la société.
L’impact idéologique du rôle perçu des femmes dans la famille est encore plus significatif. Les femmes s’entendent encore dire dès leur plus jeune âge que leur plus grande aspiration est de se marier et d’avoir une famille. On nous assure que les hormones des hommes les conduisent à coucher à droite et à gauche et « d’ensemencer leur folle avoine », mais que les hormones des femmes les poussent à vouloir s’installer avec un seul homme, qu’elles peuvent devoir avoir à piéger par la ruse ou l’astuce, ou peut-être aujourd’hui être une strip-teaseuse accompli – tout cela pour satisfaire leur véritable rôle dans la vie, celui de procréer.
Les femmes qui ne satisfont ou n’aspirent pas à ce rôle sont considérées comme étant d’une certaine manière dénaturées ; et pourtant cela n’amène pas les patrons à arrêter leurs politiques discriminatoires qui mettent de côté les femmes qui ont des enfants jusqu’à ce qu’elles soient plus fiables financièrement.
La contradiction au cœur de cette image c’est que l’idéologie ne correspond pas à la réalité, et pour certaine femmes n’y a jamais correspondu. La grande majorité des femmes aujourd’hui n’est pas composée de femmes au foyer à temps plein. La majorité des femmes travaille, et deux tiers des femmes qui ont des enfants travaillent également, contre moins de la moitié il y a trente ans. Le travail qu’elles font est essentiel aussi bien pour l’économie nationale que pour la survie économique des femmes elles-mêmes, mais cela n’empêche pas l’idéologie ultra dominante qui continue à promouvoir leurs attributs naturels comme étant liés aux soins du foyer et des enfants.
Chaque jour cette contradiction entre les idées dominantes et la réalité se rejoue dans les vies de femmes et d’hommes ordinaire. Les femmes travaillent parce qu’elles en ont besoin, pourtant on les culpabilise parce qu’elles laissent leurs enfants dans des garderies. Les femmes qui restent à la maison parce qu’elles veulent passer du temps avec leurs enfants, ou parce que leurs bas salaires ne couvrent pas les frais de garderie, sont considérées comme des profiteuses, à moins bien sûr qu’elles n’aient un riche partenaire qui puisse les entretenir.
Les pages femmes du Guardian présentent régulièrement des femmes aux carrières de haut vol qui décident de tout abandonner pour être mère à plein temps quand elles ont des enfants. Mais ça vous reste en travers de la gorge de lire la grande joie qu’elles ont à s’amuser bêtement dans les feuilles d’automne ou à faire des biscuits au chocolat avec le petit Tarquin quand la majorité des femmes ne peuvent tout simplement pas se permettre de prendre la décision de rester à la maison. Pour la plupart des femmes travailler n’est pas une option de style de vie mais une nécessité.
Donc quand le gouvernement parle de faire sortir les mères du foyer pour aller travailler, il ne veut pas parler des riches femmes présentées dans le Guardian, il veut parler des femmes qui vivent d’allocations déjà bien maigres que le gouvernement considère comme une charge qu’il ne veut pas supporter dans ce monde néo-libéral. C’est ainsi que 3.4 millions d’enfants vivent dans la pauvreté en Grande-Bretagne, et parmi eux 43% font partie de familles monoparentales. Si le gouvernement croyait vraiment au « valeurs de la famille » qu’il aime tant promouvoir alors tout le monde pourrait avoir le choix. Passer du temps avec ses enfants ne devrait pas être un choix ou une obligation.
L’idéologie persiste parce qu’elle continue de fonctionner pour le système. Elle permet que les femmes continuent d’accepter les bas salaires, le travail flexible et le jonglage compliqué des arrangements pour faire garder leurs enfants. En fait l’idéologie est nécessaire précisément parce que c’est une contradiction que la société veut que les femmes résolves toutes seules, considérant la situation comme un problème et non pas comme un problème qui trouve son origine dans la manière dont la société est organisée.
Cela arrange le système que les femmes continuent de croire qu’elles sont les meilleures pour l’éducation des enfants et tout l’attirail du travail domestique. L’oppression des femmes renvoie au sentiment que les choses sont de notre faute, de notre responsabilité. On en fait l’expérience de manière individuelle ; et la contradiction c’est que là où nous subissons le plus l’oppression, chez nous et dans notre vie privée, c’est là où nous avons le moins la capacité de la remettre en cause.
Et les hommes dans tout ça ? Ce n’est pas la société qui achète les magazine pour mecs, viole des femmes ou commet des violences domestiques. En matière de crimes sexuels, les chiffres des viols déclarés ont augmenté, en partie du fait d’un traitement légèrement plus compatissant de la part d’une majorité des forces de police masculines. Mais dans le même temps ratio des condamnations par rapport aux viols déclarés a baissé continuellement de 1 pour 3 en 1977 à 1 pour 20 en 2002 (Nicole Westmarland, Rape Law reform in England and Wales, School for Policy Studies, 2004).
Il existe encore une habitude culturelle qui veut que les femmes qui se saoulent ou portent le genre de vêtements courts présentés dans tous les magazines pour ados sont d’une certaine manière complices si elles se font violer. Les hommes qui violent ont confiance dans l’idée qu’ils s’en tireront quand même. La société ne peut tout simplement pas régler le problème car il reflète des générations à se prendre une idéologie qui dit que les hommes sont naturellement enclins à avoir des mœurs sexuelles légères et ne peuvent pas s’en empêcher.
Une récente campagne de la Metropolitan Police en est un exemple. Ils ont produit une affiche destinées à être épinglée dans les toilettes pour hommes des boîtes et des bars. Elle montrait un torse de femme portant une paire de pantalon avec une pancarte « entrée interdite » sur elle. Le slogan disait : « Ayez un rapport sexuel avec quelqu’un qui n’y a pas consenti, et le dernier endroit où vous entrerez pourrait bien être la prison. » Non seulement cette image ne faisait qu’encourager une vision des femmes comme étant de simples objets, une « place », guère plus que la somme de ses parties sexuelles, mais elle acceptait la caricature de la sexualité masculine. Ca dit en quelque sorte « on sait à quel point ça peut être tentant pour un mec au sang chaud, mais pense juste à la punition ». Pas vraiment une remise en cause de l’idéologie dominante.
C’est le genre de dure fin que connaissent certaines femmes aux mains de certains hommes. L’oppression des femmes n’est pas une mauvaise odeur qui disparaît d’un souffle à travers une fenêtre ouverte ou quelque état psychologique éphémère. Ca s’articule à travers les vies quotidiennes de femmes et d’hommes individuellement, et dans la plupart des cas les hommes sont les auteurs de ces crimes. Donc les hommes ont les ennemis ? Ont-ils un intérêt à maintenir l’oppression ?
La théorie féministe répondrait oui. Selon elle le problème c’est le patriarcat, la société dominée par les hommes. C’est une théorie largement répandue que l’on peut entendre au bar du coin le vendredi soir ou qu’on peut lire dans des revues académiques de renom exprimé dans le langage le plus abstrait ; et essentiellement elle se résume à l’idée que « tous les hommes sont des salauds ». Elle résulte de la croyance que tous les hommes bénéficient de notre société si profondément divisée, mais c’est quelque chose que les socialistes doivent rejeter.
Elle n’est pas seulement fausse mais nie également les effets bien réels et dévastateurs que la société capitaliste a sur l’ensemble de l’humanité, aussi bien les hommes que les femmes. Elle ignore le fait que la majorité des hommes, à travers leur position de classe, se voient également refuser un accès à la richesse et au pouvoir dans la société et ont donc la possibilité de trouver des causes communes avec les femmes.
Les statistiques aident à voir pourquoi :
Mais l’une des statistiques les plus choquante qui révèle tant de choses sur la place des hommes dans la société capitaliste moderne c’est les chiffres des suicides. En Grande-Bretagne aujourd’hui 75% des personnes qui se suicident sont des hommes. Au cours des 20 dernières années en Grande-Bretagne les nombres des femmes qui se suicident a diminué de moitié, mais le nombre d’hommes qui se suicident a lui augmenté de 10%. Il est plus fort parmi les jeunes hommes en fin d’adolescence et début de la vingtaine. Les hommes au chômage sont 2 à 3 fois plus à risque en matière de suicide que le reste de la population ; et l’autre point culminant du suicide masculin est après 65 ans, après la retraite.
Ce n’est pas vraiment l’image d’un genre en paix avec lui-même, un genre qui se sent « au top ». Les hommes sont poussés à se sentir sans valeur si ils ne remplissent pas le rôle qu’on attend d’eux, qui est celui de pourvoyeur. Quel exemple plus tragique que cela y a-t-il d’un système qui transforme les travailleurs en rouage n’ayant plus aucune vie en dehors du travail ?
Mais si tu es au boulot à te faire exploiter, étant celui qui nourrit sa famille comme ce que l’on attend de toi, est ce que c’est une si belle vie ? La Grande-Bretagne a la plus longue durée d’heures de travail en Europe, et les hommes travaillent le plus d’heures quand ils ont une partenaire qui vient juste de donner naissance. « Les jeunes papa travaillent le plus grand nombre d’heure parmi les travailleurs males, travaillant 4 fois plus et étant d’autant payé en heures supplémentaires que les hommes sans enfants » (Alexandra Jones et Stephen Bevan, Where is Daddy ? The UK Fathering Deficit, The Work Foundation, 2003).
Une étude de la Commission pour l’égalité des chances (Equal Opportunities Commission) menée en janvier 2007 révéla que :
Passer du temps avec la famille ou trouver du temps pour des relations importantes est la plus grosse préoccupation de la vie quotidienne (64%) d’hommes et de femmes, devant l’argent, la santé, le travail et la sécurité. Ce souci est plus fortement ressenti par les pères, dont 74 % exprime cet avis, comparé à 68% de mères.
Pas de quoi s’étonner que les hommes aient du mal à trouver du temps pour être de bons pères, par exemple. Une récente émission de télé-réalité a fait le portrait d’un homme « transformé en maman » pendant une semaine. Le mec a été halluciné par l’expérience. Par exemple son plus jeune enfant était toujours déjà au lit quand il revenait du boulot. En une semaine il a vu ce qu’il manquait , les travaux ménagers qui vous détruisent jusqu’à l’âme, certes, mais aussi le fait de passer du temps avec ses enfants, ce qui bien qu’étant stressant est aussi une source de joie quand il a commencé à les connaître. C’était extraordinairement émouvant de le voir réaliser combien il s’était fait avoir en croyant qu’être un bon père c’était simplement gagner de l’argent, au lieu d’être là pour ses enfants ; et à la fin de la semaine il était déterminé à ne pas retourner à l’ancien mode de vie.
Même si c’était un programme de télé-réalité de mauvaise qualité un peu gnangnan, il a révélé quelque chose de vrai à propos de la société, le fait que les rôles qu’ont attend des hommes qu’ils remplissent peuvent les briser. Ils ne font pas que produire le stéréotype du père qui rentre à la maison et qui s’effondre (de fatigue) après le travail, distant, froid et brisé ; ils renforcent aussi le fait que les femmes prennent le premier rôle auprès des enfants.
Le caractère des hommes est forgé par les railleries dès le plus jeune âge de « bébé geignard » ou de « petit garçon à sa maman » ; à travers les attentes de prouesses physiques et de conquêtes sexuelles vers la perspective de succès économique d’homme adulte. Leurs personnalités sont écrasées pour rentrer dans la boite de ce qui correspond à la masculinité sous le capitalisme.
D’une manière grossière et opportuniste l’actuelle génération de magazines pour hommes comme Nuts ou Zoo se nourrissent de la sensation que cette masculinité est menacée par les avancées que les femmes ont accomplies. Ils déclarent qu’ils représentent les bonnes vieilles valeurs masculines : « Nous sommes de vrais hommes et nous n’allons pas prétendre le contraire. Nous voulons du porno, du sport, des voitures rapides, et nous n’en avons pas honte ».
Ce cliché étriqué de la virilité en dit plus sur comment les marchandises sont présentées sous le capitalisme que quoique ce soit de vrai sur la vie des hommes, et ce n’est guère une vision du pouvoir dans la société.
Rosie la Riveteuse n’était pas une femme réelle. C’était une photo de Norman Rockwell en couverture du Saturday Evening Post en 1943. Cette image d’une travailleuse de guerre en salopette mangeant son sandwich inspira la recherche et la célébration des centaines de Rosie, bien vivantes localement, et travaillant dans les usines de munitions à travers les États-Unis pendant la seconde guerre mondiale.
Les deux guerres mondiales ont eu un profond impact sur chaque aspect de la société en Grande-Bretagne, y compris la vie des femmes. Les besoins de l’État changèrent et les femmes furent réclamées pour combler le vide dans la population active laissé par la mobilisation massive des hommes dans la machine de guerre. La propagande gouvernementale changea pour convaincre les femmes d’accomplir leur devoir patriotique en allant occuper des emplois qui étaient précédemment occupés par des hommes
La Première guerre mondiale
Le plus gros employeur des femmes avant la première guerre mondiale était le service domestique qui employait plus de 1 400 000 femmes en 1911 (Gail Braybon et Penny Summerfield, Out of the Cage : Women’s Experiences in Two World Wars, Pandora, 1987). Ce travail exigeait de longues heures avec peu de moments de liberté pour de femmes qui vivaient habituellement sur leurs lieux de travail ; et donc beaucoup d’entre elles furent attirés vers les nouveaux emplois offerts par le travail de guerre. Ces emplois requéraient également de longues heures mais avec des journées de congés et un meilleur salaire. Ce qui explique que durant cette période près d’un demi million de femmes quittèrent le service domestique et le nombre de femmes dans la force de travail industrielles augmenta de 1,5 millions.
Quand la guerre se termina, beaucoup de ces femmes de voulurent pas retourner à l’ancien mode de vie. Elles avaient goûté à l’indépendance économique et de voulaient pas la perdre. Les journaux dénoncèrent les femmes qui ne voulaient pas retourner aux corvées à bas salaire et oublièrent rapidement leurs contres de patriotisme héroïques à propos de femmes travailleuses de guerre.
Les mœurs des femmes gagnaient leurs salaires, buvaient dans les bars et passaient les nuits dehors au music-hall furent mis en cause. Elles avaient également eu des rapports sexuels hors mariage en plus grand nombre que jamais auparavant, et des manuels sexuels étaient publiés afin d’éduquer les femmes à leur sexualité et à propos du contrôle des naissances. Tous cela conduisit à une panique morale, caractéristique de la désapprobation de l’establishment à propos du comportement des femmes de la classe ouvrière jusqu’à nos jours.
La Seconde guerre mondiale
Seules 16% des travailleuses en Grande-Bretagne étaient des femmes mariées en 1913 ; en 1943 ce chiffre avait atteint 43%. Il fut estimé qu’il y avait près de 8 millions de femmes dans des emplois salariés en 1943 (Braybon et Summerfield, Out of the Cage).
Une étude états-unienne interviewa des femmes qui occupaient des emplois au début de la guerre et révéla que 90% d’entre elles disaient vouloir abandonner le boulot une fois la guerre terminée. Pourtant, quand la guerre se termina 80% déclarèrent qu’elles voulaient rester au travail. Une fois encore les femmes avaient fait l’expérience d’une indépendance financière accrue et d’un relâchement des tabous gouvernant leurs vies personnelles. En 1939 seuls 4,4% des bébés étaient nés hors mariage ; en 1945 ce chiffre avait plus que doublé atteignant 9,1% (Braybon et Summerfield, Out of the Cage).
Donc, après que la Seconde guerre mondiale ait pris fin, la propagande gouvernemental dû encore une fois changer de vitesse. Le rôle essentiel de la maternité fut promu et il y eut une explosion de livres et de conseils sur les soins à apporter aux enfants. Le livre Baby and Childcare de Benjamin Spock fut publié en 1946 et se vendit à 40 millions d’exemplaires en six éditions, surpassant tous les autres livres de l’histoire de l’édition à l’exception de la Bible.
Dans les années 1950 l’idéologie dominante était telle qu’il était fréquent que des femmes abandonnent leurs boulots une fois qu’elles étaient mariées. Pourtant, même alors 20% des femmes travaillaient, et tout comme le boom d’après guerre prenait de l’ampleur, c’était pareil pour le besoin de travailleuses.
Les années 1960
Les années 1960 furent une décennie de révoltes à travers le monde, pour la libération nationale et contre l’impérialisme, pour les droits civiques des Noirs et contre la guerre américaine au Vietnam. La croissance des emplois et de l’éducation attira encore plus de femmes qu’avant. Certaines de ces femmes qui se retrouvèrent à l’université ou dans des boulots jusque là inaccessibles commencèrent à avoir des attentes bien différentes à propos de leurs vies que les générations précédentes. Quand elles s’engagèrent dans l’action politique, elles constatèrent que la New Left (« nouvelle gauche ») manquait à l’appel quand il s’agit de comprendre les droits des femmes.
C’était parce que quand les mouvements explosèrent aux Etats-Unis ils le firent dans un vide : ils n’avaient aucune racines dans la tradition socialiste du passé qui avait compris l’oppression des femmes. Les années 1950 avaient vu la gauche se faire écraser par le Maccarthisme, et l’expérience brutale du stalinisme en Union Soviétique jetait un long voile noir. Le fil de la tradition socialiste avait été rompu. Par conséquent les femmes commencèrent à s’organiser par elles-mêmes.
Au contraire en Grande-Bretagne la politique « socialiste » fut centrale au mouvement des femmes, et donc les premières revendications et luttes se concentrèrent sur les problèmes bien réels auxquelles faisaient face les femmes de la classe ouvrière comme par exemple l’égalité salariale et les garderies.
Le changement des attitudes envers les moeurs personnels fut spectaculaire. La pilule contraceptive devint largement accessible avec la loi de 1967 , de sorte que le sexe put être séparé des grossesses non désirées pour la première fois. L’homosexualité fut légalisée et la loi sur le divorce fut libéralisée. Tout le monde ne se roulait pas nu dans de la boue lors de festival de musique, comme ce que la mémoire populaire insinue souvent, mais de manière indéniable un grand poids de culpabilité et de souffrance fut enlevé de l’expérience sexuelle de millions de femmes et d’hommes.
Au cours des années 1970 les mouvements entrèrent en déclin,et la lutte des femmes ne fut pas un exception. A la fin elle se fragmenta en d’amères factions, entre celles qui voulaient s’organiser entant que femmes, celles qui voulaient que les hommes fassent partie de leur lutte, entre les lesbiennes et les hétéros (qui furent accuser par les premières de coucher avec l’ennemi), et une myriade d’autres divisions.
Le mouvement de libération des femmes avait levé la bannière de l’égalité et de la libération, mais n’avait pas les moyens, l’orientation politique ou l’organisation nécessaire pour les gagner au profit de la masse des femmes.
Pour quelle genre d’égalité nous battons nous ? Il y a une grosse différence entre gagner l’égalité d’avec un homme qui est gérant d’une société multinationale, et d’avec disons par exemple brancardier. N’importe quelle lutte qui n’aurait pour objectif que l’égalité entre femmes et hommes laisse intacte la plus profonde division au sein de la société, celle de classe.
L’institut de recherches sur les politiques publiques montre que les 10% plus riches en Grande-Bretagne possèdent 54 % de la richesse nationale, en hausse de 74 % par rapport aux gouvernement conservateur de John Major. Ceux qui sont tout au sommet, les 1% les plus riches, ont vu leur part dans la richesse nationale augmenter encore plus vite, de 17% à 23% au cours d’à peu près la même période. En comparaison les 50% du bas ne possèdent plus aujourd’hui que 7% des ressources de la Grande-Bretagne.
Mais selon les marxistes la classe ne se définit pas seulement en termes de richesses, ni par comment les gens perçoivent leur propre position. Ce n’est pas une case que l’on assigne aux gens, ce n’est pas une catégorie statique ; c’est au contraire une relation sociale objective du système : selon que tu es exploité ou exploiteur, que tu as ou pas le contrôle, que tu vis du travail d’autres ou tu vends ta force de travail pour survivre.
Les signes extérieurs de l’appartenance de classe, l’accent ou le style de vie, tout découle de cette relation fondamentale, et même ça, ça change. Aujourd’hui certain travailleurs manuels peuvent porter des vêtements de créateurs, manger dans des restaurants et prendre des vacances à l’étranger ; il y a 50 ans un tel style de n’était réservé qu’à une petit groupe de l’élite privilégiée dans la société.
Mais ce sont des changements superficiels. La relation fondamentale demeure la même. La minorité au sommet de la société continue d’exploiter la vaste majorité d’entre nous. Les travailleurs font tout. Sans eux les trains, les bus, les métros ne rouleraient pas, les bâtiments ne seraient pas construits, les routes réparées, les malades soignés, ou les enfants éduqués.
Pour les socialistes la classe ouvrière est une force sociale unique. Tout d’abord elle a potentiellement un grand poids économique, parce que si les travailleurs décident d’arrêter de travailler, la société ne peut pas fonctionner, tandis que si des patrons comme Richard Branson prennent une année de congés, personne ne le remarque. Deuxièmement la classe ouvrière est une force collective. Le capitalisme nous divise en utilisant le racisme et le sexisme mais il est également obligé de nous réunir, pour mieux nous exploiter. Les travailleurs se doivent de coopérer entre eux dans d’immenses lieux de travail simplement pour produire chaque jour, et le seul moyen pour eux de défendre leurs intérêts est de s’organiser ensemble.
Si un travailleur de British Airways ou d’une grand hôpital veut une augmentation de salaire, il ou elle ne peut pas simplement approcher un des directeurs et en demander une. Au lieu de quoi les travailleurs, homme et femmes, doivent faire des démarches auprès des directeurs en masse par le biais de leurs organisation collective. Ce qui signifie que les travailleurs se doivent de surmonter leurs divisions internes si ils veulent avoir un camps solide. Aucune autre section de la société n’a un tel intérêt intrinsèque à remettre en cause et à surmonter la division.
Ainsi les socialistes ne considèrent pas la classe ouvrière comme le véhicule du changement parce que les travailleurs auraient nécessairement moins de préjugés et seraient plus chaleureux et tolérants aujourd’hui précisément, mais parce que l’histoire montre que la pression qui s’exerce en faveur de l’unité au sein de la classe crée les conditions pour que les préjugés soient surmontés.
Aujourd’hui les femmes constituent environ la moitié de cette force de travail. La majorité d’entre elles, à peu près 70 %, même celles avec des enfants – 68 % des femmes (www.statistics.gov.uk).
Mais n’est pas juste un autre fardeau ?La différence cruciale est que leur rôle dans la force de travail les arrache aux corvées domestiques atomisées pour les introduire dans la production sociale, un endroit où les femmes ne sont pas seulement des victimes mais peuvent devenir des combattantes. Et en tant que travailleuses les femmes ont toujours montré leur empressement à rejoindre la bataille contre le système à chaque fois.
Faire partie d’une force sociale qui peut potentiellement remettre en cause le capitalisme est crucial pour les perspectives de libération. Il ne s’agit pas de rechercher quelqu’un d’autre pour nous libérer ; il s’agit pour les femmes de s’organiser là où nous sommes le plus fortes.
Il y existe une profonde contradiction dans la vie des femmes aujourd’hui, du fait que d’une part il y a eu d’immenses avancées pour la condition des femmes au cours du dernier siècle, tandis que d’un autre côté nous continuons à être confrontées aux discriminations à travers toute la société et sommes bien loin d’atteindre légalité, en Grande-Bretagne ou en fait n’importe où d’autre dans le monde.
Nos vies ont été transformées d’une façon inimaginables à l’époque de nos grand-mères. Ces dernières enduraient des travaux domestiques éreintants, un manque d’accès à l’éducation et une moralité écrasante sur tous les aspects de leur vie personnelle, une contraception peu fiable et dangereuse, des avortements illégaux et des secteurs entiers de l’emploi qui leur été interdits.
Ma grand-mère était née en Irlande en 1898, elle portait tout le temps son tablier, cousait, reprisait et tricotait des vêtements préparait et cuisinait chaque repas à partir de presque rien et faisait bouillir le linge avant de le mettre dans une essoreuse à main. En comparaison toutes ses petites-filles travaillent à plein temps en dehors de la maison, utilisent chaque parcelle des nouvelles technologies pour rendre le ménage aussi facile que possible et se sont connus pour manger des aliments qui sont déjà préparés.
Si en l’espace d’une seule génération familiale la vie des femmes est devenue méconnaissable, dans la société britannique dans son ensemble les changements ont été vraiment remarquables. Ayant obtenu le vote des femmes de plus de 30 ans en 1918 puis le suffrage universel pour toutes les femmes et tous les hommes en 1928, les femmes font aujourd’hui potentiellement partie de toutes les structures politiques de la société britannique : elles peuvent devenir premier ministre, pairs (bien que la chambre haute soit encore appelée chambre des Lords) ; elles peuvent faire partie de jurys, devenir avocates, conseillères juridiques et juges. En matière d’emploi il est illégal d’empêcher les femmes d’accéder à des boulots particuliers. Il est également illégal de payer les femmes moins que les hommes à travail égal.
La différence en matière de morale publique et son impact sur nos vies personnelles est extraordinaire. Une contraception sure et fiable est largement accessible aux femmes quelque soit leur statut marital, l’avortement est légal, le divorce possible, et avoir des enfants en dehors du mariage et vivre avec un partenaire sans être marié est courant.
Les gains sont réels, mais il reste encore un long chemin à parcourir.
Salaire égal
L’égalité de salaire peut bien être consacrée par la loi mais les femmes gagnent en moyenne 18 % de moins que le hommes. Une commission gouvernementale sur la question des femmes et du travail datant de 2006 montrait que les femmes quittent l’université avec le même niveau de qualification que les jeunes hommes, ou même un niveau meilleur, mais qu’il suffit de cinq ans pour que la différence de salaire se creuse (Women and Work Commisson, 2006).
Le scandale des bas salaires en général, et de la moyenne salariale encore plus basse des femmes en particulier doit être déposé devant la porte des patrons qui paient des bas salaires. Mais au lieu de les admonester et de leur imposer des mesures obligatoires, par exemple une revue des salaires qui surveillerait les différences salariales, afin de se conformer à la loi, la commission tenta de les gagner en leur assurant que « l’égalité des genres et bonnes pour les affaires en Grande-Bretagne ».
La commission poursuivit en affirmant que « certains d’entre nous pensent que l’approche volontaire est le meilleur moyen d’avancer. Certains intervenants pensent la même chose, par exemple le CBI estime que des vérifications obligatoires des salaires représentent une charge excessive, hors de proportion par rapport au problème et décalé par rapport au climat de dérégulation actuel ».
Donc le gouvernement est d’accord avec le monde des affaires sur le fait qu’appliquer légalement la législation sur l’égalité salariale serait une contrainte, que le problème n’est pas si important, et étant donné que le New Labour ne contrôle le monde des affaires d’aucune autre manière, le faire à propos de l’égalité salariale serait une anomalie !
Mais bien sur, sans application de la législation les employeurs continueront à payer des salaires de misère si ils peut s’en sortir comme ça. Quand la loi sur l’égalité salariale fut adoptée en mai 1970 on accorda aux patrons 5 ans de délai d’accordées pour faire les changements avant qu’elle entre en vigueur en 1975. Ils ne bronchèrent pas alors, et 36 ans plus tard il y a toujours une différence de salaire. Pourquoi les patrons se soumettrait soudainement maintenant sans en être forcés ?
Le gouvernement New Labour aime à se vanter d’aider les travailleurs à bas salaires avec les allocations. En particulier Gordon Brown site souvent l’introduction de son Working Tax Credit comme une grande initiative de soutien des familles. Mais cela n’est pas un soutien pour les travailleurs à bas salaire : c’est un moyen pour le gouvernement de subventionner les employeurs qui paient moins que le salaire minimum vital. Ce sont les patrons les vrais profiteurs.
La situation salariale est encore pire pour les femmes qui travaillent à mi-temps. Elles gagnent 32% moins que le salaire horaire des femmes qui travaillent à temps plein et un sidérant pourcentage de 41% de moins que les hommes qui travaillent à temps plein. La majorité des travailleurs partiels sont des femmes, parce que ce sont souvent les seuls boulots qu’elles peuvent obtenir et qui conviennent aux exigence de l’éducation des enfants.
Les gardes d’enfants
Les garderies publiques en Grande-Bretagne sont de notoriété publique, à des pires niveaux en Europe. Le gouvernement lancent régulièrement des initiatives pour « encourager » les femmes qui ont des enfants à aller travailler, généralement en menaçant de retirer les allocations à des femmes déjà vulnérables. Au lieu de quoi, la seule initiative qui permettrait aux femmes de faire ce choix, en fournissant un réseau national de garderie de haut niveau gratuit ou au moins à des prix abordables pour les parents qui travaillent, est rejetée.
De nos jours, la moyenne typique des coûts pour une place en garderie pour un enfant de moins de deux ans est de £141 [environ 207 €, N.d.T] par semaine, mais les prix peuvent varier autour de cette moyenne de façon assez spectaculaire. Dans certains endroits les parents peuvent être surs de payer autour de £200 [294 €] par semaine, et certaines garderies facturent jusqu’à £350 [514 €] la semaine (www.childcaretrust.org.uk). Actuellement les parents qui s’occupent seuls de leurs enfants participent à auteur de 70 % des coûts de garderie de manière privée, comparé à des nations en Europe comme en Scandinavie où la moyenne des contributions est plus proche de 30% et le reste est prix en charge par des subventions.
Pas de quoi s’étonner que les femmes ne gagnant que des bas salaires ne peuvent tout simplement pas se permettre de travailler, vu que les coûts pour faire garder leur enfant est plus grand que leur salaire.
Les riches femmes des professions libérales pourront se payer une voire deux nurses, et ne seront que très rarement accusées de négligence. Au contraire on en fera l’éloge comme étant des « Super women ». Le fait est que la minorité des femmes qui traversent le plafond de verre n’y parviennent qu’en s’appuyant sur une armée de femmes qui elles ne le peuvent pas.
Et ce n’est encore qu’un petit nombre qui percent. Plus on monte dans les sphères de la société en matière de pouvoir politique et économique, moins on voit de femmes. Il n’y a que deux femmes directrice parmi les 100 premières compagnies de l’index boursier FTSE et seulement 19% des députés sont des femmes, tandis qu’il n’y a qu’une seule femme juge d’appel dans le système judiciaire. Seul un quart des grands administrateurs de la fonction publique sont des femmes et seulement 1/10 des officiers de police supérieurs. (Sex and Power : Who Runs Britain, Equal Opportunities Commission 2006/2007).
Les femmes comptent pour 50% de la population, si il existait quoique soit qui ressemble à une égalité des sexes en place en Grande-Bretagne, alors les femmes occuperaient environ la moitié des emplois à travers la société et gagneraient autant que les hommes.
9. La culture de l’obscénité
Des vêtements pour enfants arborent le logo du lapin Playboy, des t-shirts pour des gamines de 8 ans portent des desseins des mains au dessus de poitrines non existantes, des clubs de strip-tease au corps à corps font parti du monde des affaires et la pornographie soft est devenue tendance. Des livres d’aide au travail sur soi promettent que « vous ferez l’amour comme une vedette du porno », et des cours pour apprendre comment faire un strip-tease affirment que « la danse de l’éventail c’est une affirmation de l’existence ». Ce n’est pas du sexisme, on nous dit. Apparemment être un objet sexuel au 21e siècle c’est quelque chose d’ironique, de drôle et qui vous donne du pouvoir ; et on devrait célébrer tout ça pour ne pas être traitée de prude.
Tout le monde peut s’y mettre. En 2006 le syndicat étudiant de l’université de Loughborough a accueilli le Brat Pack Tour (avec l’aimable autorisation du magazine Nuts où les parieurs se voyaient promettre une chance de rencontrer des mannequins du magazine. Le syndicat étudiant de l’université de Loughborough invita également le « High street Honeys » Tour, organisé par le magazine pour mecs FHM. La tournée avait pour objectif « découvrir » des femmes ordinaires de la grande rue afin qu’elles deviennent modèles topless pour le magazine. Non content de faire parader des mannequins FHM à moitié nues, les étudiantes étaient invitées à se déshabiller pour voir si elles avaient l’étoffe de « high street honey » [à peu de chose près « poules de luxe », N.d.T]. Les affiches faisant de pub pour la tournée montraient les poses habituelles de « filles avec fille » topless avec la mention « vous voulez savoir jusqu’où elles sont vraiment allées l’une avec l’autre ? » Au syndicat de l’université de York ils ont même leur propre club d’exercice de strip dont le logo est une femmes nue glissant le long d’une barre.
Est ce que le rejet tout cela est seulement le fait de femmes d’une plus vieille génération qui secouent la tête en signe de désapprobation au vue des vêtements et des comportements d’une plus jeune génération ? Non, des jeunes filles, et des jeunes hommes à travers le pays, en particulier dans les facs et les syndicats étudiants, se sont organisés pour contrer les clubs de danses striptease qui ciblent les étudiants, et organiser des meetings politiques pour débattre des questions d’oppression et de sexualité suscitées par la culture « raunch » [vulgaire, obscène, N.d.T].
Il ne s’agit pas seulement de l’achet ou de la vente de pornographie, qui a de toute évidence proliféré avec Internet, mais de ce que certaines femmes appellent la « pornification » de la culture populaire. Les grilles de télévision sont bourrés à craquer de programmes sur le sexe, certains dont l’objectif est d’être des documentaires sérieux, et d’autres qui ne prétendent même pas être rien d’autre qu’une excuse pour montrer des images de corps de femmes.
Alors, qu’y a t-il de nouveau à ce propos ? Est ce que les femmes n’ont pas depuis longtemps toujours été considérées comme des objets sexuels, particulièrement dans la publicité pour vendre tout et n’importe quoi allant des pneus au béton à séchage rapide ? Oui, bien sûr, mais la différence aujourd’hui c’est qu’on vend tout cela au femmes en le présentant comme quelque chose qui leur donnerait du pouvoir, comme une manière de se débarrasser de leurs inhibitions, un moyen d’être libéré sexuellement, comme si faire l’amour comme quelqu’un qui simule devant la caméra pour gagner sa vie était la recette pour avoir une super vie sexuelle.
Le sexe est une monnaie d’échange d’une valeur unique. C’est une part intrinsèque de l’être humain, et être une expérience enrichissante et incroyable, provoquer les émotions les plus intenses. Notre sexualité est ressentie comme quelque chose de tellement privé, comme une part tellement intime de notre personnalité, que si nous ne pouvons pas nous y exprimer ou si nous en sommes malheureux, cela peut avoir un effet dévastateur. Beaucoup de lesbiennes et de gays peuvent témoigner des effets quand on vous dit que vos sentiments naturels sont « pervertis » ou « inacceptables ».
Mais le capitalisme, en transformant le sexe en marchandise, nous aliène ainsi une part de notre humanité et gâche nos chance d’avoir une sexualité épanouie. Cela devient quelque chose à atteindre, à réussir, à travailler. C’est façonné par le monde autour de nous et cela affecte même nos émotions les plus basiques sur ce qu’on ressent par rapport à nos corps.
Le sexe commercial, que ce soit le porno ou les strip-tease personnalisé (« lap dancing »), est comme de la restauration rapide. C’est une version horrible et sans âme de quelque chose de bon que le capitalisme nous revend après nous avoir dépouillé du temps et du bien-être qui nous auraient permis de jouir de la chose réelle. Loin d’être libérateur, la culture « raunch » est une camisole de force, un cliché étroit de ce que la société définit comme sexy et dans lequel nous sommes littéralement comprimés. La seule manière d’avoir l’air sexy c’est d’agir et de ressembler à une vedette de porno, selon ce qu’on nous dit. C’est la libération sexuelle à travers le prisme du capitalisme.
Il ne s’agit pas ici d’être prude. Ni d’en appeler à la censure. Etant donné le pouvoir de l’Etat dans le contrôle de ce que l’on voit et que l’on lit, restreindre les images ou les publications sexuelles n’est certainement pas un pas en avant. Qui décide de ce qui est pervers ? Les juges ou les politiciens ? Ils poursuivraient ce qu’ils estiment pervers, et l’on d’ailleurs fait, c’est ainsi que les boutiques de sexe et les publications gays ont toujours été ciblées par le passé.
Et d’ailleurs actuellement, les magazines qui ciblent les mecs hétéros sont remplis d’images de femmes qui font semblant de faire l’amour les unes avec les autres et ces magazines sont considérés parfaitement acceptables pour être affichés à tous les coins de rue, tandis que les lesbiennes qui pont de vrais rapports sexuels entre elles, en privé, sans les « caméras, lumière, action », et plus important encore, sans l’échange de cash, ne sont toujours pas complètement acceptées et sont virtuellement invisibles dans la société.
Loin de demander que le sexe soit caché et honteux, les socialistes font campagne pour plus d’ouverture dans la société. Pour les jeunes gens le sexe comme marchandise se dévoile crûment à chaque kiosque à journaux mais l’éducation sexuelle dans beaucoup d’école est encore déplorablement inadéquate. En fait des élèves ont envoyés des pétitions à Downing Street en 2006 demandant une éducation décente en la matière dans leurs écoles. L’éducation sexuelle à l’école devrait être plus explicite et bienveillante, de sorte que les jeunes gens soient mieux équipés pour gérer la période de leur vie où ils font face et explorent leurs sentiments sexuels.
L’ouverture sexuelle gagnée dans les luttes des années 1960 et 1970 le fut de haute lutte et nous voulons la défendre et l’étendre. Nous ne voulons pas un retour aux années 1950. Mais le capitalisme assimile tout, même la résistance, et le transforme en marchandise. On peut acheter des chaussures de sport avec le signe de la paix imprimé dessus, et l’ouverture sexuelle nous est revendue sous la forme de soutiens-gorge push-up et de la glorification des clubs de strip-tease.
En liant avec tout cela il y a aussi une obsession accrue de l’apparence des femmes qui a franchie de nouvelles limites. Ayant grandi en adolescente des années 1970 et lisant le magazine Jackie, c’était clair que pour une jeune femme la question de l’apparence était quelque chose de prépondérant. Des articles hebdomadaires nous expliquaient comment appliquer des ombres compliquées sur les pommettes et les paupières avec du maquillage. Aujourd’hui, même tout cela n’est pas encore assez. La chirurgie esthétique devient tendance. Une société de chirurgie esthétique déclare sur son site Internet que la chirurgie plastique « n’est plus seulement pour les riches et célèbres, comme de plus en plus de gens du commun choisissent la chirurgie pour améliorer leur vie » (accentuation – wwwcosmeticsurgeryconsultants.co.uk).
Mais il ne s’agit pas juste des « gens » ; il s’agit des femmes et de à quel point leur confiance et leur sens de valeur personnelle sont déformés par les attentes de la société sur leur apparence. Des 28 921 opérations menées l’année dernière 26 469 (92%) l’étaient sur des femmes, et l’opération la plus populaire est l’ « augmentation » mammaire. Une enquête radiophonique de la BBC indiquait que 50% des femmes interrogées déclaraient qu’elles considéraient l’éventualité d’une chirurgie plastique. (www.bbc.co.uk, Février 2007) Dans n’importe quelle autre culture ce serait dénoncé comme de la mutilation ; dans la notre c’est juste un autre choix de consommateur.
Le tout dernier débat à propos des mannequins squelettiques et le quasi mythique taille zéro fait également partie de cette obsession autour de l’apparence des femmes. La taille zéro est une taille de vêtement américaine qui est l’équivalent de la taille 4 en Grande-Bretagne [taille 32-34 en France. N.d.T]. Le nom est approprié, du fait que n’importe quelle femme de taille moyenne devrait se réduire à virtuellement plus rien pour l’atteindre. Mais c’est devenu la taille à laquelle tout le monde aspire dans l’industrie de la mode, et est maintenant accessible en Grande-Bretagne dans des magasins comme Top shop et Gap.
Les mannequins en Grande-Bretagne sont aujourd’hui en moyenne six tailles plus petite que les femmes normales. Plusieurs mannequins sont mortes au cours des 12 derniers mois de problèmes liés à la nutrition. Mais même ces femmes si dangereusement minces découvrent que leurs photos ont été retouchées après la prise, leurs jambes rendues un peu plus longues, leurs poitrines un peu plus larges. Les photos non retouchées de célébrités qui s’amassent à la une des magazines comme Heat montrent des ventres « flasques » une semaine et des épaules osseuses la semaine suivante. Si de riches célébrités avec leurs diététiciens et entraîneurs personnels n’ont pas une silhouette parfaite, quel espoir nous reste t-il à nous autres ?
Est-ce ce à quoi nous sommes arrivés ? La liberté de tournoyer autour d’une barre pour titiller des hommes, la liberté de s’injecter du poison dans le visage pour paralyser des muscles afin que les rides ne se voient pas, ou de se faire ouvrir nos poitrines pour y insérer des sacs de silicones qui les fait avoir l’air plus grosses ?
Il ne s’agit pas ici de prescrire ce qui est une attitude « acceptable » ou « inacceptable » ; il s’agit d’avoir une vision d’une véritable libération sexuelle, avec une réelle ouverture et le choix pour tous.
Comment les choses peuvent-elles changer ?
Tous les acquis que les gens ordinaires ont obtenu par le passé l’ont été au travers de luttes. C’est vrai pour tout, des congés payés au droit de vote. Mais quand la vie se traîne en haletant d’une journée de boulot à une autre, quand tout ce à quoi on pense c’est combien de temps reste t-il jusqu’au week-end ou aux prochaines vacances, c’est difficile d’envisager ce que cela pourrait être si on bouleversait le monde du tout au tout.
Imaginer si on était capable de prendre le contrôle de nos vies, des détails quotidiens aux grandes questions globales comme la guerre, le dérèglement climatique et la famine. Des luttes si capitales ont eu lieu par le passé et ont offert une vision inspirante du potentiel pour changer la société et nous même dans le processus.
Le sentiment d’euphorie et de nouvelles possibilités nous saute aux yeux quand on lit les récits de grands événements historiques comme la Commune de Paris ou la guerre civile espagnole, et de conflits comme la grande grève des mineurs en Grande-Bretagne en 1984-85. A l’époque, bien que tous les mineurs aient été des hommes, les femme sont joué un rôle décisif. Les gens ordinaires prennent de l’envergure pendant de tels événements ; des années de dure routine à s’entendre dire qu’ils ne valent rien sont balayées pendant les jours ou les semaines de lutte.
Les luttes à une échelle de masse ne représentent pas seulement des remises en cause du pouvoir économique de la classe dirigeante, mais ouvrent aussi la possibilité de nouvelles idées et de nouvelles manières de s’organiser pour s’évader à une échelle inimaginable dans la routine monotone du passé.
Dans toutes les grandes luttes du passé les femmes ont été au premier plan, et quand elles le sont leurs propres idées de ce qu’elles sont capables de faire et de quelles sont les possibilités changent. Mais du fait d’être aussi partie prenante de la lutte aux côtés des femmes, les idées des hommes et leurs opinions préconçues sur les femmes, ce qui à son tour a un réel effet de rendre notre camp plus fort, plus uni et plus capable d nouvelles avancées. Rien ne change les idées à une échelle de masse comme la véritable expérience vécue de la lutte.
Le plus fort exemple d’une telle expérience de mouvement de masse de transformation est la Révolution russe de 1917.
La Révolution russe
La Révolution russe fut une explosion spectaculaire de démocratie populaire et mena à un essor du potentiel des gens ordinaires. Des centaines de milliers d’ouvriers et de paysans pauvres qui étaient illettrés et pensaient que leur dure existence étaient écrites par un dieu immuable, apprirent à lire et écrire, et s’impliquèrent dans les grands débats du jour et prirent part à la reprise en main de leur vie.
La question de la libération des femmes était centrale pour la révolution. Les femmes qui vivaient dans les pires conditions d’oppression, où dans de vastes régions il était même légal de fouetter sa femme, déferlèrent dans le mouvement révolutionnaire. Un des dirigeants de la révolution, Léon Trotski, décrivit avec beaucoup d’émotion l’extrême brutalité de la vie des femmes, indiquant que « la révolution a fait un effort héroïque pour détruire le soi-disant foyer familial – cette institution archaïque, étouffante et stagnante dans laquelle les femmes de la classe laborieuse accomplissent un travail de galérien de l’enfance à la mort » (Léon Trotski, Les femmes et la famille, Pathfinder, 1974).
Les Bolcheviks savaient qu’afin de rendre les femmes capables de jouer un rôle dans la vie politique de la révolution ils devaient les délivrer de leur charge qui les isolait. Alexandra Kollontai dirigeait le Zhenotdel, le département mis en place pour prendre des mesures spéciales pour que les femmes s’impliquent. A travers tout ce vaste pays ravagé par la guerre et la famine les Bolcheviks organisèrent des programmes d’alphabétisation, des garderies d’Etat et des blanchisseries.
« Des nouveaux codes politiques, civiques, économiques et familiaux visèrent à effacer des siècles d’une vieille inégalités en un coup. Le nouveau gouvernement accorda aux femmes le droit de vote, de demander le divorce, des lois civiles qui firent du mariage une relation volontaire, éliminèrent les distinctions entre enfants légitimes et illégitimes, décrétèrent des droits du travail pour les femmes égaux à ceux des hommes, donnèrent aux femmes des salaires égaux et introduisirent les congés maternités payés » (Tony Cliff, Class Struggle and Women’s Liberation, Bookmarks, 1984). La Russie fut aussi le premier pays au monde à légaliser l’avortement.
Mais tous les espoirs et les potentiels de la révolution ne pouvaient résister à l’immense pression de ses ennemis, et non seulement beaucoup des plans ne furent pas accomplis, mais à la fin la révolution elle-même ne put survivre. Le destin des femmes est toujours lié à la force de notre camp. A partir de la fin des années 1920 l’émergence du stalinisme marqua la fin et de la révolution et des acquis que les femmes avaient obtenus.
Trotski s’opposa à Staline et fut exilé de Russie. Il écrivit que l’une des façon dont il pouvait dire que les idéaux de la révolution pour lesquels les Bolcheviks et lui s’étaient battus étaient en recul était à la lumière de ce qui arrivait aux vies des femmes. Il remarqua que les femmes en revenait à faire leurs propres lessives au lieu d’utiliser les blanchisseries sociales qui se détérioraient tellement qu’ « elles déchiraient et effilaient le linge plus qu’elles ne le lavait ». Et c’était de la par d’un homme qui avait dirigé l’Armée rouge contre les puissances impérialistes du monde, un homme qui avait été le dirigeant du soviet de Petrograd, qui avait été au cœur du pouvoir ouvrier du nouvel État. Pourtant il comprenait combien étaient important ces changements apparemment petits dans la vie quotidienne des femmes, révélant la véritable nature de la société qui avait remplacé les espoirs de la révolution.
Tout cela se passait un demi siècle avant le mouvement de libération de la femme des années 1960 quand Betty Friedman parla fameusement de la condition difficile des femmes comme du « problème qui n’a pas de nom ». Cette condition a bien un nom, oppression des femmes, et des femmes et des hommes se sont déjà battues pour la remettre en cause pendant plusieurs générations.
La lutte continue aujourd’hui et chaque jour qui passe. Dans tout le pays des gens résistent, d’une multitude de façons différentes, aux attaques contre leurs droits, leurs conditions de vie et les communautés locales. Les socialistes ne restent pas assis en attendant le changement révolutionnaire mais s’engagent dans chacune des ces luttes, aussi petite soit elle.
Chacune est importante, à la fois pour l’amélioration immédiate qu’elle peut obtenir – une garderie qui reste ouverte, une augmentation de salaire gagnée – mais aussi pour l’unité que cela forge dans notre camp et pour l’impact que cela a sur notre attitude par rapport au monde. Si nous pouvons empêcher un service hospitalier de fermer ou un collègue de bureau de se faire brutaliser, alors peut être que nous pouvons remettre en cause les priorités plus larges de la société qui créent ces conditions.
La lutte pour la libération des femmes est inextricablement liée à la lutte de l’ensemble de la classe ouvrière. Les femmes ont obtenues les plus grandes avancées quand l’ensemble de notre camp avait confiance et gagnait, et nous avons du faire face aux pires conditions quand les travailleurs battaient en retraite.
Au bout du compte les questions des femmes sont des questions de classe, des droits à l’avortement ou à la fertilité au traitement du cancer du sein. Si nous nous organisons uniquement en tant que femmes on oublie la solidarité et la force du reste de la classe. Quand les droits à l’avortement ont été attaqués par le passé certaines militantes ont organisé des manifestations de femmes uniquement, mais la plus grosse manif jamais organisée pour défendre les droits à l’avortement fut en 1979 quand 80 000 personnes défilèrent. La manif était organisée par la TUC [ l’unique confédération syndicale, N.d.T], et comprenait des syndicalistes hommes et femmes. Sa taille et son esprit de défi assura que les bigots anti-avortement soient résolument vaincus.
Le fait que la discrimination soit toujours rampante aujourd’hui reflète le fait que le capitalisme, la société de classe, existe toujours parmi nous. Les changements que nous avons gagnés, bien qu’immensément bienvenus, ont laissé le système qui a créé l’oppression des femmes en premier lieu est toujours intact.
L’oppression des femmes est fondamental pour la société de classe ; les divisions qu’elle sème dans la classe ouvrière ont joué un rôle de maintien du pouvoir d’une minorité pendant des milliers d’années. Trotski disait de l’oppression des femmes qu’elle était si profondément ancrée qu’ « une lourde charrue était nécessaire pour déraciner la motte la plus lourde de la terre ».
Cette charrue s’enfonçant profondément c’est une révolution, une révolution socialiste. Une révolution n’est rien si ce n’est un festival des opprimés, une chance pour nous tous de nous épanouir en tant qu’individus, de prendre le contrôle de nos vies, pour que tous puissent atteindre leur plein potentiel.
On demanda à Friedrich Engels quels seraient les rapports entre hommes et femmes après une telle révolution, et il répondit :
« On pourra répondre à cela quand une nouvelle génération aura grandi : une génération d’hommes qui ne sauront jamais de leur vie ce que d’acheter la reddition d’une femme avec de l’argent ou n’importe quel autre instrument social de pouvoir ; une génération de femme qui ne sauront jamais ce que c’est de se donner à un homme pour n’importe quelle autre considération que l’amour véritable, ou de refuser de se donner à leur amant de peur des conséquences économiques. Quand ces personnes seront au monde, elles tiendront peu de cas de ce que quiconque d’aujourd’hui pensent de ce qu’ils devraient faire, il feront leur propre pratique et se feront leur propre opinion publique correspondante à propos de la conduite de chaque individu – et ce sera la fin de tout ça. »
Le fait qu’un homme d’âge moyen de l’âge victorienne nous parle de manière si poignante de notre époque, à propos de problèmes qui semblent tellement modernes , est un témoignage du fait que c’était aussi un révolutionnaire, un socialiste, et qu’il voulait transformer la société de fond en comble. Il voyait au delà de ce qu’était le monde ce qu’il pouvait être. Il avait une vision du possible, une société où l’ensemble de l’humanité puisse être libérée de l’exploitation et de l’oppression.
Nous nous battons toujours pour une telle société aujourd’hui.
Lectures supplémentaires en anglais
[1] Antonio Labriola, Essays on the Materialist Concept of History, Charles H Kerr, 1908.
Site web du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA).
Revue indépendante d’analyse stratégique anticapitaliste.
Actualité politique internationale de la revue Inprecor sous reponsabilité de la Quatrième internationale.
International Socialism, Revue mensuelle théorique du Socialist Worker Party.
Le site web de la LCR Belge contient de nombreux articles de théorie marxiste très intéressants.
Base de données de référence pour les textes marxistes.
Le site de la commission nationale formation du NPA.