LCR : sortir de l’impasse

Période de crise politique. La base de compréhension de toute la période est la crise structurelle du capitalisme des années 60. Elle est à l’origine de la restructuration du capitalisme et l’offensive libérale qui a pu se faire sur base des défaites des années 70 et du reflux des luttes des années 80.

Alors que la classe dirigeante n’a pas réussi à résoudre les contradictions à l’origine de la crise, elle doit, depuis la fin des années 90, faire en plus face à un retour des résistances.
D’où la crise politique qui se traduit de plus en plus comme crise de l’hégémonie sur la société (fin du consensus conservateurs-social-démocratie).

Cette crise touche particulièrement les directions traditionnelles du mouvement ouvrier qui sont des relais, même contradictoires, de l’hégémonie sur le mouvement ouvrier (social-démocratie et stalinisme). Ceci explique l’émergence d’Attac à la fin des années 90 et le succès de la candidature Besancenot en 2002.

De la part des classes dirigeantes, différentes stratégies sont mises en œuvre pour reconquérir cette hégémonie. Ces stratégies sont à analyser et sans doute se combinent et se succèdent : cooptation de fractions du mouvement ouvrier, bonapartisme, fascisme…
Dans notre camp, nous devons analyser le phénomène de radicalisation. En rester au simple constat d’une radicalisation n’est pas en soi suffisant. C’est pour cela qu’il est plus juste de l’analyser en tant que polarisation de classe. Il ne suffit pas de dire que nous ne sommes pas dans période révolutionnaire ou que s’opposeraient simplement deux analyses de la période : une optimiste et une pessimiste. Nous sommes dans une période de rupture avec les années de reflux mais c’est une période de transition qui combine des éléments du passé (qui pèsent plus sur secteurs traditionnels et forces organisées) et un nouvel esprit de riposte.

Jusqu’à présent, nous avons plutôt connut des défaites que des victoires. Mais nous avons aussi connu des victoires, même si elles ne touchaient pas le cœur de la classe et pas les couches les plus organisées : jeunesse (victoire contre le CPE), les sans, les intellectuels. Cela nourrit la combinaison de gauchisme et de pessimisme. La victoire contre le TCE a elle démontré qu’il était possible de toucher fortement le cœur de notre classe, même si ce n’était qu’électoralement. La campagne du 29 mai est donc une étape politique clé dans l’émergence d’une alternative politique au social libéralisme.

Une crise dans la LCR

Une crise touche la LCR. C’est une organisation nettement plus petite et plus jeune mais elle subit avec retard la crise qui a déjà touché le PCF ou les syndicats. Cette crise se cristallise sur la question du regroupement et des candidatures unitaires. Cette crise stratégique est à la fois une crise actuelle d’orientation et mais aussi une crise théorique plus profonde.
Deux grandes orientations dominent dans la LCR. L’une est la différenciation permanente vis à vis de la dynamique du regroupement. L’autre exprime la tendance à substituer la perspective d’un regroupement à la construction de la LCR. Ces deux orientations (qui ne s’expriment pas par des blocs homogènes au sein de l’organisation) se nourrissent respectivement : la crainte d’une dilution de la LCR dans un regroupement plus large justifiant le repli tandis que l’absence de politique offensive de la LCR dans le regroupement justifie une tendance à l’autonomisation.

Ces deux orientations ne naissent pas du vide. Il y a une double pression à l’origine de la crise d’orientation.

 Celle du mouvement pour à la fois l’unité et la recherche d’une réponse politique à la crise. Le réformisme y est présent car il prend ses racines dans les idées dominantes au sein de la classe (qui sont celles de la classe dominante ! ), et pas simplement par les appareils.

 La crise théorique qui frappe particulièrement la LCR sur quel type de parti construire et notamment sur le lien parti-mouvement (cf. débats stratégiques)

Unité et combat politique

L’exemple du Brésil montre le basculement d’une position de soutien au PT sans construction d’un réel courant révolutionnaire à l’assimilation au PT qui prend un cours social-libéral d’une part importante de DS (courant de la 4^e Internationale au Brésil). En Italie, des débats importants naissent dans la gauche de Rifundazione à propos de l’attitude des 3 parlementaires membres de la 4^e Internationale qui peuvent faire tomber le gouvernement du libéral Prodi en s’opposant au vote des crédits de guerre.

En France, il y a une grande importance mise dans les débats interne de la Ligue sur la direction du PCF et en même temps des débats pour savoir si le PCF a une quelconque importance. Il y a d’une certaine manière sur et sous estimation du rôle joué par le PCF, sous estimation des opportunités actuelles et sous estimation de l’importance du combat politique à mener contre le réformisme au sein du mouvement unitaire.

Les débats actuels se cristallisent sur question de regroupement antilibéral mais ils existent potentiellement aussi dans la LCR sur le positionnement vis à vis de la résistance à impérialisme (cf débats sur Hezbollah) ou sur l’islamophobie. Ceci affleure dans toute question concrète : comment articuler construction unitaire d’un mouvement (antilibéral, anti impérialiste, syndical…) où coexistent, voir même dominent, des idées que nous ne partageons pas et bataille politique des révolutionnaires. On retrouve ce même débat sur les suites à donner au mouvement anti-CPE dans la jeunesse.

Répondre à la crise d’orientation : une troisième voie pour la LCR

L’objectif est que se reconstituent à la fois mouvement ouvrier et direction révolutionnaire au sein de ce mouvement dans ces nouvelles conditions.

Cela se traduit par le regroupement et le parti – la campagne pour collectifs unitaires (et actuellement les candidatures unitaires) et la construction de la LCR. Nous pensons que les différentes étapes du regroupement constituent des médiations vers une nouvelle force dans le cadre d’une stratégie révolutionnaire visant à construire un parti de masse. C’est un processus qui prendra du temps. Cette orientation est la base pour laquelle nous construisons la PF4.

Il s’agit de convaincre au fur et mesure des événements pour que l’orientation esquissée par la PF4 puisse être celle de l’organisation. Nous devons développer la PF4 dans cette optique c’est-à-dire comme troisième voie, comme orientation alternative pour toute la LCR donc alternative à la fois aux orientations actuelles de la PF1/2 et à la PF3 (ce qui n’empêche pas des alliances).

Au-delà des avancées ou des échecs à court-terme cette question d’orientation pour la LCR va continuer à se poser :

 à partir de la question spécifique de la dynamique des collectifs unitaires

 à partir d’autres questions (orientation dans la jeunesse, mouvement anti-guerre, intervention dans les syndicats…)

Répondre à la crise théorique

Le développement de la PF4 devra s’appuyer sur le développement d’une réponse au débat soulevé dans la LCR sur les questions stratégiques. Cela nécessite de mener un combat théorique sur les questions soulevées dans la LCR : débat stratégique sur la nécessité ou pas de parti, caractérisation de la période, question nationale, développement de la conscience…

La revue « Que faire ? » est un outil central. Elle vise à être un outil en développant les débats soulevés dans la LCR sur son orientation et sa stratégie et en les nourrissant théoriquement dans un cadre le plus ouvert possible.

L’élaboration d’une stratégie nouvelle passe par la discussion et la confrontation. Son objectif est d’unir autour de la revue militant-e-s de la LCR qui se battent et élaborent dans le sens de cette ‘troisième voie’ au sens large.