L’opposition à la guerre d’Indochine (1946-1954)

par Ian Birchall

25 septembre 2009

La tradition dominante de la gauche française a été un nationalisme de gauche dérivé du jacobinisme. Ce nationalisme de gauche a continué à exercer son emprise sur la plus grande partie de la gauche française tout au long du vingtième siècle. Le Front populaire des années 1930 a trouvé son symbolisme dans le drapeau tricolore et la Marseillaise, et non le drapeau rouge et l’Internationale. Même dans la dernière décennie du siècle nous avons assisté au spectacle obscène de l’instrumentalisation de l’idée, noble autrefois, de laïcité par beaucoup à gauche pour attaquer les jeunes filles musulmanes, qui souhaitaient porter le foulard à l’école.

L’article qui suit est extrait d’un texte de Ian Birchall, historien et membre du SWP britannique. Nous le publions avec son accord. Suite à la proposition de sortir une brochure LCR sur l’opposition à la guerre d’Indochine, Jean-Louis Marchetti, de Marseille, a apporté quelques précisions que nous publions à la suite du texte pour alimenter la réflexion. Tout autre commentaire ou contribution peut être envoyé à Vincent Touchaleaume.

La tradition dominante de la gauche française a été un nationalisme de gauche dérivé du jacobinisme. Ce nationalisme de gauche a continué à exercer son emprise sur la plus grande partie de la gauche française tout au long du vingtième siècle. Le Front populaire des années 1930 a trouvé son symbolisme dans le drapeau tricolore et la Marseillaise, et non le drapeau rouge et l’Internationale. Même dans la dernière décennie du siècle nous avons assisté au spectacle obscène de l’instrumentalisation de l’idée, noble autrefois, de laïcité par beaucoup à gauche pour attaquer les jeunes filles musulmanes, qui souhaitaient porter le foulard à l’école.

La véritable tradition internationaliste insistait sur le fait que la division fondamentale de la société humaine ne passait entre les nations mais entre les classes sociales. De ceci découlaient deux importants principes, souvent invoqués mais bien moins souvent compris et appliqués logiquement : la formule de Marx selon laquelle « une nation qui en oppresse une autre ne peut être libre », et celle de Liebknecht qui affirmait : « l’ennemi principal est chez nous ». Cette tradition peut être tracée tout au long du vingtième siècle, parfois souterraine, parfois incarnée dans une poignée d’individus ou dans des organisations politiques marginales, et parfois reflétée dans les conflits au sein des principales organisations du mouvement ouvrier.

Les origines de la guerre

L’Indochine française (Cambodge, Laos et Vietnam, et que les Français avaient divisé en trois zones de Cochinchine, Annam, Tonkin) était colonisée entre 1859 et 1885. L’une des principales figures de l’établissement de la conquête française fut le premier ministre Jules Ferry. On se souvient de Ferry non seulement comme un colonisateur, mais comme l’homme qui a établi une éducation primaire universelle, gratuite et indépendante de l’Eglise. En général l’extension de l’éducation est vue comme une cause de la gauche, tandis que le colonialisme appartient aux traditions de la droite. Mais les deux sont partie intégrante du projet de construction d’une nation impérialiste, la mission civilisatrice que des générations de politiciens ont invoqué pour défendre l’impérialisme français. Durant la seconde guerre mondiale l’Indochine a été occupée par les Japonais. Après la défaite japonaise en août 1945, la principale force indépendantiste, le Viet Minh, contrôlé par les communistes, déclara l’indépendance de la République du Vietnam. Les militants trotskystes vietnamiens soutenaient la possibilité d’une insurrection qui conduirait non seulement à l’indépendance nationale, mais à une révolution sociale. La direction de Ho Chi Minh écrasa les trotskistes, mais le Viet Minh continua à revendiquer l’indépendance nationale.

De la Libération au milieu de l’année 1947, la France était gouvernée par une alliance de trois partis, le Parti communiste français, le Parti socialiste et les chrétiens-démocrates, le MRP. La gauche avait une claire majorité et la droite traditionnelle, les principaux partisans de l’Empire, étaient discrédités. Une gauche clairvoyante et audacieuse aurait pu se résoudre à liquider l’Empire et sauver la France de deux décennies de guerre acharnée. Mais tous les partis avaient leur propre ordre du jour, et chacun d’entre eux s’étaient engagés, au moins verbalement, à préserver l’Empire français sous le nouveau label d’Union française. Aucun parti ne souhaitait voir un mouvement puissant vers l’indépendance vis-à-vis des métropoles qui mettrait en danger le découpage du monde conclu entre l’Ouest et l’Est.
Des négociations eurent lieu à la mi-1946 à propos de l’avenir de l’Indochine, mais aucun accord ne fut conclu. Des éléments au sein des forces armées tenaient beaucoup à créer une situation dans laquelle un mouvement progressif et pacifique vers l’indépendance serait impossible. Donc lorsque en novembre 1946 la flotte française bombarda Haiphong (avec l’encouragement du premier ministre Bidault, MRP) et déclencha la guerre généralisée, les deux principaux partis de la classe ouvrière se trouvèrent obligés de soutenir la guerre. Il y avait des doutes au sein du PCF ; Ho Chi Minh, le leader vietnamien était, après tout, un ancien membre du PCF un peu plus de vingt ans plus tôt.

Jacques Duclos appela en ces termes à voter les crédits de guerre à l’Assemblée nationale en mars 1947 :

Nous sommes pour la présence de la France en Extrême-orient, mais nous avons la conviction profonde que la politique qui est menée engendrera tôt ou tard notre expulsion (…) Nous sommes pour la présence de la France en Extrême-orient (…), nous avons trop bien compris que notre départ d’Extrême-orient l’abandonnerait à certains autres éléments d’un caractère peu démocratique.

Les choses étaient légèrement différentes dans la SFIO, mais l’opposition initiale à la guerre vint de l’extérieur des principales organisations au sein du mouvement ouvrier.

La première opposition

Les premières protestations contre le maintien de la domination impériale française en Indochine sont venues de journalistes et de revues. Le journal qui manifestait l’opposition la plus vigoureuse à la guerre était Les Temps modernes, un mensuel de gauche indépendant dirigé par Jean-Paul Sartre et Maurice Merleau-Ponty. Dans un éditorial daté du 24 décembre 1946, quelques semaines seulement après le bombardement de Haiphong, Les Temps modernes ne défendaient pas seulement le retrait français, mais faisait la comparaison directe entre la domination française en Indochine et l’occupation nazie. Dans les mois suivants Les Temps modernes publièrent de nombreux articles sur l’Indochine, des analyses mais aussi des comptes-rendus de l’expérience indochinoise par des soldats qui y avaient servi et d’autres témoignages de première main sur la brutalité de l’occupation coloniale.
Avec le PCF et la SFIO pris dans l’engrenage des responsabilités gouvernementales, la seule force en position de tenter de lancer une campagne au sein du mouvement ouvrier était le Parti communiste internationaliste (PCI, trotskyste). C’était une petite organisation – peut-être cinq cent membres – mais comprenant des cadres endurcis par leur rôle difficile dans la Résistance.

Déjà au début 1946, l’organe du PCI La Vérité avait publié un article par un militant vietnamien qui déclarait que la liberté et l’indépendance de l’Indochine « serait l’œuvre des travailleurs indochinois eux-mêmes, luttant aux côtés des travailleurs français et du prolétariat mondial contre l’oppression d’où qu’elle vienne ». Le journal se prononçait pour « une Indochine libre, indépendante et soviétique ».

Dès le déclenchement de la guerre en décembre 1946, le PCI décida d’appeler à un meeting à la Mutualité à Paris. L’initiative fut interdite par le Ministre de l’Intérieur, Edouard Depreux. Environ un millier de personnes, Français et Algériens, avec le vieux leader Messali Hadj à leur tête, marchèrent jusqu’au bâtiment fermé à clef. Le dirigeant du PCI Yvan Craipeau s’adressa à la foule, perché sur les épaules de ses camarades, jusqu’à ce que la police intervienne et l’arrête. Les membres du PCI étaient aussi persécutés pour une affiche contre la guerre qu’ils collaient à ce moment-là.

Les trotskystes ont travaillé à construire des liens avec les travailleurs vietnamiens en France, en particulier au camp de Montauban où il y avait autour de cinq cent Vietnamiens. Le PCI avait construit de bonnes relations sur la base de leur soutien sans faille à l’indépendance de l’Indochine. En octobre 1946 le camp connut une grève, suivie par une grève de la faim.

Mais le principal champ d’investissement de l’activité des trotskystes était la jeunesse de la SFIO, les Jeunesses socialistes. Le militantisme instinctif de la jeunesse dans une période de forte radicalisation combiné avec le patient travail d’André Essel, un trotskiste de longue date entré dans la JS sous le nom de Dunoyer. Après le bombardement d’Haiphong, les tensions entre la JS et l’appareil du parti s’intensifièrent rapidement. Le journal des JS appelait à une paix négociée et provoqua la consternation en publiant une interview d’Ho Chi Minh.

En avril 1947 les JS tinrent leur congrès national. Il y eut de vifs débats, surtout sur la question de l’Indochine. Le dimanche 6 avril, les délégués quittèrent Montrouge pour une manifestation dans Paris, officiellement en honneur des morts de la Commune, mais en l’utilisant en fait pour afficher publiquement leur opposition à la guerre. Le millier de délégués du congrès furent rejoints par le même nombre de Jeunes socialistes de Paris. Parmi les banderoles, l’une demandait une "PAIX IMMEDIATE AVEC LE VIETNAM".

La manifestation fut bruyante et énergique et termina avec des prises de paroles. Quand vin son tour, Essel développa la conclusion internationaliste de la position prise par la JS en déclarant : « Nous ne brandirons jamais le chiffon tricolore hissé par les Versaillais, les meurtriers de la Commune ». Les jours du courant révolutionnaire de la jeunesse de la SFIO était maintenant comptés. Les militants regroupés autour de Drapeau Rouge furent exclus et la JS dissoute. Il y avait maintenant une possibilité réelle d’un regroupement révolutionnaire en dehors et sur la gauche du PCF et de la SFIO, une possibilité malheureusement dilapidée par un mélange de sectarisme et de confusion politique.

Analyses de la guerre

Pour le PCF, l’analyse de la guerre était secondaire par rapport à la tactique. Le travail qu’avait donc à fournir la gauche indépendante ne se limitait donc pas à l’agitation contre la guerre, mais réclamait aussi un effort de compréhension.

Un certain nombre de penseurs de la génération d’avant-guerre étaient confrontés à une situation nouvelle. Daniel Guérin avait écrit de manière extensive sur l’Indochine avant la guerre. Quand Ho Chi Minh vint à Fontainebleau à l’été 1946 pour discuter avec le gouvernement français, Guérin fut invité par Ho à dîner en tête-à-tête. Son intégrité révolutionnaire était telle qu’il passa outre les conventions d’hospitalité en interrogeant Ho à propos du meurtre du dirigeant trotskyste Ta Thu Thau. Guérin mis aussi Ho en garde contre toute confiance envers les politiciens français. Mais Guérin partit ensuite pour les USA et n’écrivit plus rien sur la Guerre d’Indochine.

En 1947 et 1948, Pierre Naville écrivit une série d’articles sur la guerre pour la Revue internationale. Naville avait été une figure dirigeante du trotskisme français jusqu’en 1940 ; la Revue internationale était une tentative de regrouper d’anciens trotskistes et d’autres intellectuels marxistes autour d’une publication à large diffusion. En particulier, en mars 1947, il publie un article majeur sur la classe ouvrière vietnamienne. Il en analyse les différentes composantes, son expérience passée de grèves, l’influence des travailleurs de retour au pays après avoir travaillé en France, et le contexte d’ensemble de l’économie vietnamienne. Mais ses prémisses de base étaient que la classe ouvrière, en dépit de sa taille relativement petite, était le secteur clé de la société dans la lutte pour l’indépendance et le changement social. Bien que Naville ne cite jamais le nom de Trotsky, c’était clairement une tentative d’appliquer la théorie de la « révolution permanente » à la réalité vietnamienne. C’était un effort sérieux pour analyser la réalité, dénué de toute préoccupations opportunistes. Cependant, l’argument s’avéra erroné, car la classe ouvrière industrielle ne joua qu’un rôle très mineur dans la lutte de libération jusqu’en 1975.
Mais l’analyse plus pénétrante venait de la jeune génération. En mars 1947, Les Temps Modernes publièrent un article de Claude Lefort. Lefort était membre du PCI trotskyste, mais son intelligence critique allait le mener à compter parmi les fondateurs du groupe Socialisme ou barbarie. L’article était intitulé «  Les pays coloniaux : analyse structurelle et stratégie révolutionnaire ».

Lefort s’appuyait à la fois sur la théorie de la révolution permanente de Trotsky et sur le travail philosophique de Merleau-Ponty. Au premier, il reprit l’idée du monde considéré comme une totalité socio-économique, au sein duquel chaque lutte spécifique doit être évaluée dans le contexte de l’ensemble. Au second, il emprunta sa critique du marxisme stalinien, en rejetant à son tour la conception de l’histoire humaine comprise comme une série d’étapes prédéterminées.

Reprenant le concept utilisé par Trotsky de développement inégal et combiné, il dénonçait comme dangereuse la tentative de voir les pays « avancés » et les pays « arriérés » comme des étapes différentes de la même évolution. Depuis que le capitalisme était un système international qui dominait toute la planète, les pays soi-disant "arriérés" ne pouvaient être vus comme ressemblant aux pays européens dans la période antérieure aux révolutions bourgeoises. En Indochine l’économie et les formes sociales anciennes et modernes coexistaient. De plus, la mobilité du travail humain avait entraîné des travailleurs vietnamiens à vivre dans les métropoles et à s’y forger une expérience. Des facteurs objectifs et subjectifs avaient encouragé le marxisme à se répandre bien plus rapidement en Asie que ne l’aurait suggérer une approche purement évolutionniste.

Dans les pays comme l’Indochine les révolutions bourgeoises et socialistes n’étaient pas des étapes séparées mais étaient étroitement entremêlées. Il faisait la comparaison avec un adulte illettré apprenant à lire qui ne va pas au même rythme qu’un enfant, mais apprend bien plus vite et se montre capable d’apprendre l’alphabet et la philosophie en même temps. De même la lutte indochinoise n’était pas un processus autolimité se déroulant au loin, auquel la gauche française pourrait apporter un soutien simplement moral ou symbolique ; elle faisait partie de la même histoire que celle des travailleurs en France.

Lefort soutenait ensuite que depuis que le colonialisme avait favorisé les grands propriétaires terriens en Indochine, il y avait une tendance à la fusion entre cette classe et la bourgeoisie embryonnaire ; mais cette bourgeoisie restait subordonnée, puisque que l’industrie était entre les mains de la bourgeoisie française. Par conséquent la bourgeoisie ne pouvait mener à bien une révolution démocratique, et préférait la préservation de la propriété féodale. Une fois que la lutte pour l’indépendance avait commencé, les masses engagées dans le processus révolutionnaire devaient rentrer en conflit avec leurs propres exploiteurs. Près de 90 % de la population indochinoise était des paysans, menés à la révolte par la misère. La classe ouvrière proprement dit ne représentait que deux pour cent de la population, mais comme ils venaient de la campagne et y revenaient à la fin de leurs contrats, les travailleurs étaient étroitement liés aux paysans.

C’est la raison pour laquelle la bourgeoisie était incapable de conduire une révolution et voyait un plus grand danger dans une révolution locale. Elle ne pouvait mener un combat simplement pour l’indépendance nationale mais se contentait de manipuler le mouvement populaire. Une fois de plus Lefort insista sur la méthode internationaliste. Le concept même de nation indochinoise fut mis en question. C’est pour cela que l’idée d’indépendance nationale sembla devenir simpliste. La lutte pour l’indépendance conduirait à la différenciation et au conflit à l’intérieur de la société indochinoise. En d’autres termes, les divisions de classe étaient plus fondamentales que la division nationale. Lefort réaffirmait ainsi un des principes de base de l’internationalisme socialiste.

Partant de cette analyse, Lefort fit une critique dévastatrice de la politique du mouvement communiste indochinois qui mettait en avant la révolution par étapes. Les compromis des communistes indochinois n’avaient permis que de paver la voie à une nouvelle offensive impérialiste. Lefort soutenait inconditionnellement l’indépendance nationale. Mais parce que la gauche française ne se contentait pas d’un engagement dans une lutte distante et limitée mais dont elle était elle-même une composante à part entière, le devoir de soutien impliquait un devoir de critique de la direction politique du mouvement indépendantiste.
Lefort entrepris donc une analyse de la guerre d’Indochine qui soulignait le contexte international. Tout en insistant sur le soutien inconditionnel à l’indépendance nationale, il affirmait aussi la primauté de la notion de classe par rapport à celle de nation et rejetait la vision de la gauche dans les métropoles, se contentant d’être le porte-voix du nationalisme des pays du tiers-monde. Si ces mots de Lefort avaient été entendus, ils auraient pu aider la gauche française dans les difficiles années qui allaient suivre. Mais le PCF ne daigna même pas débattre avec lui, ce qui aurait légitimé en quelque sorte sa position dans la controverse.

Exclu du gouvernement en mai 1947, suite aux grèves chez Renault et à des pressions des Etats-Unis, le PCF prit rapidement un tournant marqué vers une politique plus militante, prévenant ainsi l’éventualité d’être débordé sur sa gauche. Les petits groupes de la gauche révolutionnaire furent marginalisés, et traversèrent une série de scissions désastreuses qui furent peut-être le résultat de cette marginalisation. Jusqu’en 1954, les gros bataillons du PCF et de la CGT conduiront l’opposition à la guerre coloniale en Indochine ; mais bien qu’ils ne l’admirent jamais, ils s’appuyèrent sur les fondations posées par la gauche révolutionnaire indépendante.

Révoltes dans l’armée

Sans surprise, il y eut un nombre significatif de désertions pendant la guerre. Mais sur un total de 30 000 déserteurs ou plus, la vaste majorité étaient des troupes vietnamiennes. Peut-être deux ou trois cent soldats français passèrent du côté du Vietminh, certains pour des raisons d’abord personnelles, comme le désir d’épouser une Vietnamienne. Cependant, il y eut un petit nombre de soldats français (et aussi des Allemands de la Légion étrangère) qui passèrent au Vietminh sur la base de convictions politiques. Ils sont ainsi des précurseurs des porteurs de valise dans la guerre d’Algérie, bien qu’ils n’aient reçu bien moins de publicité excepté le livre de Jacques Doyon Les soldats blancs de Ho Chi Minh. Quelques témoignages expliquent ce rejet de la guerre :

Pierre Thomas, entretien avec Einaudi [1] :

Le capitaine dit à ses soldats : « Les conventions de Genève s’appliquent à une armée régulière, en uniforme, pas à des hors-la-loi, des rebelles et des terroristes qui, si ils sont trouvés en possession d’armes, doivent être exécutés. » Je pense avoir déjà entendu quelque chose de similaire sous l’occupation allemande…

Les soldats qui arrivaient à Saigon étaient accueillis par des pancartes du Vietminh sur lesquelles ils pouvaient lire : « Une nation qui en opprime une autre ne peut être libre ».(Einaudi)

Et quand ils arrivaient à Marseille pour s’embarquer ou débarquer, les gens leur jetaient des tomates. (Doyon) [2]

Quand, à la fin des années 1940, Georges Boudarel postule pour un poste d’enseignant en Indochine, ses contacts au PCF lui disent de laisser tomber sa carte de membre depuis que le parti n’organise plus rien là-bas, et ne lui donnent qu’avec réticence un contact au Vietnam. Il enseigne un certain temps au Vietnam et au Laos et noue des sympathies au sein de la population indigène. En 1950, il décide de rejoindre le Vietminh.

Je décidai de réfléchir et d’adopter une ligne de conduite sans discuter avec quiconque. Quel choix, dans ma situation, serait en accord avec les vues de Marx ? L’opposition du PCF à la désertion m’avait toujours semblé incompatible avec une position authentiquement internationaliste. Je relus un texte de Lénine dans un volume publié vers 1936 par les Editions Socialistes Internationales : « Lors d’une guerre impérialiste, nous devons souhaiter la défaite de notre propre pays. » Si cette lecture n’a pas été la seule cause de ma décision, elle a certainement eu une influence sur celle-ci. [3]

Boudarel travailla quelques temps pour une station de radio du Viet Minh, puis fut chargé de l’éducation politique au camp 113, un camp de prisonniers de guerre pour les soldats français capturés.

Après l’amnistie dans les années 1960 Boudarel rentra en France et, utilisant ses connaissances sur la langue et la culture du Vietnam, poursuivit une carrière universitaire. En 1991 – au moment de l’effondrement du bloc de l’Est, quand la droite aboyait contre la barbarie des communistes – il donnait une conférence académique au Sénat quand il fut « démasqué » par Jean-Jacques Beucler, un ancien député RPR et ancien secrétaire d’État à la Défense, qui était passé au camp 113 comme prisonnier de guerre. La fureur qui eut lieu autour de cette affaire montra que le passé colonial de la France était toujours une question brûlante, quelques uns à droite demandant l’exécution de Boudarel pour trahison.

Henri Martin, lui, commença à militer contre la guerre en rentrant d’Indochine. Après deux années en Extrême-Orient, il demanda sa démobilisation (contrairement à la politique du PCF) mais elle lui fut refusée. On l’envoya travailler dans un centre de test des carburants à Toulon (dans un environnement plus proche de l’industrie). Apparemment il était connu comme un travailleur compétent et consciencieux. En 1949 et 1950 il distribua, clandestinement autour de 16 tracts – signés en général par « un groupe de marins » – qui affirmaient une opposition directe à la guerre et incitaient ses collègues à faire de même, et appelaient les troupes à refuser d’embarquer pour l’Indochine.

Février 1950 : « Suivons l’exemple des dockers, des cheminots et des autres travailleurs qui refusent de charger, transporter ou produire le matériel destiné à l’approvisionnement militaire, et qui demandent le retour du corps expéditionnaire ; suivons l’exemple des soldats de Fréjus qui, le 9 janvier, ont refusé de s’embarquer. Marins français, nous devons nous aussi lutter contre la sale guerre : le 4 février, refusons de partir pour l’Indochine sur L’île d’Oléron !  »

Après la distribution d’un tract signé au nom du PCF, Martin est arrêté et traduit en justice. Il fut condamné à l’emprisonnement et détenu trois ans avant d’être relâché avant la fin de sa peine grâce à une vigoureuse campagne publique. Un grand nombre d’activistes extérieurs au Parti était impliqués, en particuliers des intellectuels de renom. Jean-Paul Sartre publia un livre avec des contributions de plusieurs autres écrivains connus (ce fut le prélude de son rapprochement de 1952 avec le PCF). Une brochure fut imprimée avec un dessin original de Picasso sur la couverture. Une pièce inspirée du procès de Martin fut jouée environ trois cent fois, devant près de 200 000 personnes, malgré une répression systématique de la police. Des « acrobates de la liberté » accrochaient des banderoles et peignaient des slogans sur les grands immeubles.

La campagne en France

En France même le PCF engagea une vigoureuse campagne contre la guerre. De nombreux épisodes individuels de cette campagne étaient impressionnants, et peuvent être considérés comme exemplaires en termes d’actions de masse de la classe ouvrière contre une guerre impérialiste.

Après le renvoi des ministres communistes du gouvernement en 1947 se développe une série de grèves économiques. Elles sont conduites de manière vigoureuse et mènent à de nombreux affrontements avec la police, mais ne parviennent pas à des victoires significatives. C’est seulement après l’échec de ces grèves, et l’entrée dans la période la plus « glaciale » de la Guerre froide avec le blocus de Berlin et le début de la guerre de Corée, que le PCF s’oriente vers des actions militantes directes et un vrai travail industriel contre la guerre.

Dans l’atmosphère tendue de la fin des années quarante, et dans une situation où l’armement et le matériel venus des USA transitaient par la France vers l’Indochine, les manifestations contre la guerre étaient en général énergiques.

Dans la ville elle-même, le quartier de La Joliette où la manifestation devait officiellement démarrer était encerclé par police. Il était interdit d’entrer dans le quartier ou de stationner dans les rues. Cependant les organisateurs de la manifestation avaient préparé leur réponse à l’avance ; les conducteurs de tramway et de trolleybus de la CGT arrêtèrent le travail soudainement, laissant leurs véhicules là où ils étaient. Immédiatement, Marseille était complètement bloquée. Cela permit d’empêcher la police de se déplacer. En même temps, la manifestation annoncée à La Joliette commençait sur la célèbre Canebière. Les grévistes de plusieurs usines de la ville arrivèrent. Rapidement tout le centre de Marseille grouillait de monde. Les quelques policiers – à bicyclette – qui arrivaient à atteindre le bord de la manifestation étaient bousculés par la foule. Beaucoup d’entre eux durent abandonner leurs casquettes et leurs vélos sous les acclamations de la foule. (Ruscio)

A Nice, deux milles manifestants anti-guerre enfoncèrent les lignes de la police et jetèrent ce qu’ils pensaient être un lance-roquette à la mer.

Les rapports officiels, comme celui, top secret, rédigé par le général Revers, ancien chef de cabinet, après une tournée d’inspection en Indochine, montrent que de telles déclarations n’étaient pas des menaces en l’air. En fait le rapport Revers affirme explicitement que 40 % de l’équipement français qui arrivait en Indochine en 1949 était saboté. Les camions arrivaient avec les pneus crevés, les boîtes de vitesse des tanks avaient les boulons desserrés.

Résultats de sondages d’opinion 1947-1954
Juillet 1947Juillet 1949Octobre 1950Mai 1953Février 1954
Envoi de troupes
supplémentaires
37 % 19 % 27 % 15 % 7 %
Négociations 15 % _ 24 % 35 % 42 %
Retrait des troupes 22 % 49 % 18 % 15 % 18 %

Évolution dans la ligne du PCF

Dès 1950, l’orientation du PCF connaît une évolution majeure, s’éloignant de la campagne pour mettre fin à la guerre au profit d’une opposition plus générale à l’impérialisme étatsunien. Le Mouvement de la Paix est fondé en 1948 et se concentre sur des questions comme l’appel de Stockholm pour la Paix (qu’un journal trotskyste commente à l’époque en disant qu’il est si vide que Truman comme Staline pourraient le signer), la guerre de Corée, l’Otan, le réarmement allemand et différentes conférences des intellectuels de premier rang de par le monde. (Ces campagnes participent plus à la défense de l’URSS qu’à celle de la paix dans le monde ou au soutien aux luttes des peuples colonisés par la France). Maurice Thorez explique que le mouvement pour la paix requiert le soutien de tous les Français – c’est-à-dire que les frontières de classe sociale doivent s’effacer, et que la paix dans son abstraction doit primer sur les questions spécifiques comme l’Indochine.

C’est à ce moment-là que de sérieuses tensions éclatent au sein du Parti, autour des questions liées à l’impérialisme, avec l’affaire Marty-Tillon à la fin de l’été 1952. André Marty était le « numéro trois » du PCF, après Thorez et Duclos. Contrairement à ces derniers qui avaient fait toute leur carrière dans l’appareil du Parti, il avait une expérience de lutte derrière lui. Marty et Tillon avaient été un des principaux dirigeants des mutineries de la Mer Noire, qui avait empêché la flotte française d’être utilisée pour aider à écraser la révolution russe. Tous deux ont suivi la ligne avec dévotion, et il n’y a pas trace d’une once de critique de la Troisième Période [4], des procès de Moscou ou du pacte Hitler-Staline.

En 1952 ils sont l’un et l’autre suspendus de leurs responsabilités dans le Parti ; Marty, qui était connu pour son obstination, est ensuite exclu, alors que Tillon, qui se préparait à faire une autocritique, se voit réduit au statut de militant de base. L’initiative semble revenir entièrement à l’appareil du Parti ; il n’y a pas d’indication selon laquelle Marty ou Tillon aurait défendu une politique inacceptable.

« L’affaire Marty », du nom du livre écrit par celui-ci, donne la preuve que le PCF n’était pas simplement une entité monolithique, qu’il y avait une tension à l’intérieur du Parti entre la loyauté inconditionnelle envers Moscou, l’orientation jacobine de défense des «  intérêts nationaux », et un authentique anti-impérialisme, anti-militariste et internationaliste. Si aucune politique divergente des besoins de Moscou ne pouvait être promulguée, cela ne signifie pas que tous les militants étaient simplement motivés par les principes staliniens. Sans doute une tradition internationaliste authentique a continué à motiver bien des membres à la base dans leurs courageuses actions contre la guerre d’Indochine.

Conclusion

En 1954, la chute de la forteresse présumée imprenable de Dien Bien Phû signifiait la fin de la domination française en Indochine. L’arrogance raciale et l’ignorance raciste qui animaient les héritiers de Napoléon les empêchaient d’imaginer qu’ils puissent un jour être vaincus par le sens stratégique supérieur de Vô Nguyên Giap.

Pierre Mendès-France devint alors Premier ministre. Sous sa direction de Mendès-France les accords de Genève furent rapidement signés, avec le soutien des USA et de l’URSS. Le Laos et le Cambodge devenaient des Etats indépendants. Le Vietnam était coupé en deux, bien que Eisenhower écrivit plus tard dans ses Mémoires que des élections libres en 1954 auraient sans aucun doute élu Ho Chi Minh avec 80 % des voix, ou plutôt pour cette raison précisément. Les graines d’un nouveau conflit étaient semées.

Mais si la France s’était retirée une épine du pied, un autre problème colonial, bien plus sérieux, apparaissait alors. La défaite française en Indochine était une inspiration puissante pour les nationalistes en Algérie, et le 1er novembre 1954, la guerre d’indépendance était déclenchée.

Si l’Indochine avait révélée les déficiences des principaux partis de gauche, l’Algérie devait révéler leur banqueroute totale. Cette banqueroute conduisit à l’émergence d’une gauche résolument internationaliste, bien que faible numériquement. Cette nouvelle gauche était l’héritière des manifestations isolées d’internationalisme durant la guerre d’Indochine.
L’ombre du passé colonial plane toujours sur la vie politique française. Quand Jean-Jacques Beucler, l’homme qui « démasqua » Georges Boudarel pour son rôle en Indochine, écrivit ses mémoires, elles furent préfacées par… Jacques Chirac, qui écrivit au passage que les officiers de l’armée française avaient « fait leur devoir » en Indochine.

Jacques Chirac en 1988, alors Premier ministre :

Les hommes qui ont combattu en Indochine ont droit à notre estime et à notre admiration… Ils ont combattu, et dans bien des cas ont souffert à un point qu’il est difficile de comprendre, pour que survivent les valeurs essentielles qui nous appelons Honneur et Liberté. Ils ont rapidement fait leur cette terre lointaine qu’ils défendaient, s’identifiant avec le peuple vietnamien qui était menacé de perdre son âme sous le joug implacable d’une idéologie totalitaire.

Devenu président, Chirac revendique « l’œuvre positive de la France outre-mer », tout en se présentant comme une alternative à la politique états-unienne. Il est donc nécessaire de connaître l’histoire sanglante de l’impérialisme français pour contrer les illusions sur son caractère « progressiste » Pas plus au Liban ou en Côte d’Ivoire aujourd’hui qu’en Indochine hier, la présence de troupes françaises ne sert les intérêts des peuples.

L’influence du stalinisme sur le mouvement ouvrier a conduit pendant des décennies à séparer la lutte contre la guerre de la perspective révolutionnaire. Les générations qui se sont radicalisées face aux guerres d’Indochine, d’Algérie, du Vietnam sont souvent venues rajeunir et renforcer l’extrême-gauche, mais avec une audience limitée dans la classe ouvrière par le nationalisme du PCF et de la CGT. Cette situation a commencé à changer avec l’effondrement du bloc de l’Est puis l’émergence du mouvement altermondialiste. A la rencontre de la colère contre Bush et des espoirs nés du 29 mai, un nouvel internationalisme est à construire.


Comment expliquer cette mobilisation exceptionnelle ?

Par Jean-Louis Marchetti

Le contexte politique pour la gauche française se doit d’être précisé. Son attitude au moment
de la guerre d’Indochine n’est pas surprenante pour plusieurs raisons.

Le précédent du Front Populaire mérite quelques mots car il prépare la suite. Rien dans le programme du Front Populaire ne prévoyait de bouleverser le statut des colonies. Edouard Daladier ministre de la guerre du Front Populaire, celui qui deux ans plus tard capitulera honteusement devant Hitler à la rencontre de Munich, recevra debout, agressif et arrogant, une délégation du Congrès Musulman algérien pour lui signifier : « Je n’approuve ni vos revendications ni votre mouvement. S’il y a lieu, je n’hésiterai pas à utiliser la force ! »

L’onde de choc de Juin 36 va venir secouer l’Indochine. En réponse, le décret Blum-Moutet du 30 décembre 1936 visera à étendre certains acquis du droit du travail à la colonie. Une loi d’amnistie fut votée et on envoya une commission d’enquête parlementaire. Mais sous la pression de la réaction coloniale, le gouvernement du Front Populaire n’octroya même pas les libertés démocratiques élémentaires, de presse, de réunion, d’association, de manifestation. Il n’accordera ni le droit aux syndicats ni le droit aux délégués. Depuis le Front Populaire les choses ne se sont pas arrangées. Le PS a capitulé devant Vichy et se remet lentement avec l’aide de la CIA (création de FO) en choisissant le camp impérialiste dans la guerre froide. Le PC lui a plongé au moment du pacte germano-soviétique et renaît de ses cendres dans la résistance sur une ligne chauvine (A chacun son bôche !). Dans l’euphorie patriotique de la libération, à peu prés personne en France ne se pose le problème des peuples colonisés. Voir le film Indigènes.

Ce qui fait la trame de la politique de la gauche, c’est le fil qui court depuis la répression de Sétif, approuvée par le PCF, jusqu’aux pouvoirs spéciaux de Guy Mollet, la guerre d’Algérie et l’expédition de Suez. L’appui de la gauche française aura rarement manqué à l’empire colonial. Résultat elle laissera la bourgeoisie, Mendès ou De Gaulle tourner la page et construire l’image de la France d’après l’empire. On le paye toujours aujourd’hui.

La lutte contre l’expédition en Indochine est une exception dans ce noir tableau. Il faut donc montrer ce qui a permis cette mobilisation exceptionnelle. Le travail de certaines minorités politiques, essentiellement les trotskystes. Les liens anciens et solides entre Ho Chi Minh et le PC, ainsi que la politique très habile de l’oncle Ho vis à vis de la France. Une courte période gauche du PC, conséquence, non pas de son désir de prendre le pouvoir, mais de la guerre de Corée et de la concurrence des trotskystes comme à Renault.

Maintenant, pourquoi c’est à Marseille que la lutte s’est concrétisée sous la forme de la résistance des travailleurs du port. Pour ma part, j’y vois deux sources, une lointaine et une plus proche. Marseille, en tant que grand port colonial n’a pas servi seulement au trafic de marchandises, mais a aussi contribué à répandre les idées socialistes et à étendre les organisations ouvrières dans le monde. Entre les marins et dockers de toutes nationalités, pas de rapports coloniaux, la solidarité ouvrière.

Sur le chapitre colonial, la chambre de commerce d’Alger, repère des gros colons, est le vieil ennemi des syndicats du port. Pendant les grandes grèves de 1935 qui vont permettre d’établir le statut des dockers et accessoirement d’installer le monopole politique du PC sous la direction de François Billoux, elle menacera d’envoyer les troupes coloniales pour briser la grève ! Il y a une source plus proche, c’est la mobilisation sociale exceptionnelle à Marseille au moment de la Libération. Ici ce sont les travailleurs qui ont pris les armes et libéré la ville. Pas les flics comme à Paris. A la suite de quoi, la gestion ouvrière des principales entreprises, une situation quasi-insurrectionnelle en 1947 où une compagnie de CRS met crosse en l’air. Les coups de feu contre les gangsters du marché noir, la prise de la mairie par les manifestants... Bref, c’est comme toujours un climat social et politique un peu particulier qui fait que ça mord ici et pas ailleurs ! Je ne dis pas ça par vaine gloriole « droit au but », mais encore une fois car ce qui est important, c’est l’exceptionnalité de cette mobilisation. Et il faut distinguer, le débat politique dans les JS ou le PC, le cas de Boudarel et de plusieurs centaines de soldats blancs d’Ho Chi Minh, et la véritable bataille de masse sur le port de Marseille. Bataille qui, il faut aussi le dire, sera trahie et enterrée pendant plus de 40 ans, parce que le PC change de ligne et renie ce glorieux épisode d’internationalisme prolétarien.

Ce que je reproche au texte c’est de donner l’impression que la mobilisation coule de source. Au contraire, on a bien peu d’exemple d’une mobilisation ouvrière contre une guerre coloniale ; il faut essayer de faire comprendre ce qui a permis celle-là. Comme il faut restituer le courage et le mérite des camarades trotskystes et le basculement exceptionnel de plusieurs centaines de français dans le camp du Viet Minh.

Notes

[1Jean-Luc Einaudi, La guerre d’Indochine 1945-1954, 2001, Le Cherche Midi Éditeur, 262 p.

[2Jacques Doyon, Les Soldats Blancs de Hô Chi Minh, Paris, Fayard, 1973.

[3Georges Boudarel, Autobiographie, 1991.

[4Tournant sectaire de l’International Communiste impulsé par Staline durant les années 20.


Partagez

Contact

Liens

  • npa2009.org

    Site web du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA).

  • contretemps.eu

    Revue indépendante d’analyse stratégique anticapitaliste.

  • inprecor

    Actualité politique internationale de la revue Inprecor sous reponsabilité de la Quatrième internationale.

  • isj.org.uk

    International Socialism, Revue mensuelle théorique du Socialist Worker Party.

  • lcr-lagauche.be

    Le site web de la LCR Belge contient de nombreux articles de théorie marxiste très intéressants.

  • marxists.org

    Base de données de référence pour les textes marxistes.

  • npa-formation.org

    Le site de la commission nationale formation du NPA.


Site propulsé par SPIP | Plan du site | RSS | Espace privé