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25 mars 2011
Les opérations militaires occidentales en Libye nous sont présentées comme une « intervention humanitaire » qui aurait pour pour objectif de défendre la révolution.
Le soulèvement contre le régime brutal de Muammar Kadhafi, qui a commencé le 17 février, est toujours en cours, et Kadhafi s’est livré à des attaques contre des civils, des bombardements de manifestations, des rafles massives et des exécutions.
Cela a plongé dans le désespoir beaucoup de gens, qui ont eu le sentiment qu’une intervention occidentale était la seule solution pour sauver leurs vies.
Mais les intérêts de l’Occident ne sont pas ceux de la révolution libyenne
Les gouvernements occidentaux ne sont ni innocents ni impartiaux. Ils utilisent cette occasion pour raffermir leur influence dans la région.
La classe dirigeante mondiale a été secouée par les révolutions populaires de masse qui ont renversé ses alliés – Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte.
Si la sympathie de l’Occident pour les révolutions populaires qui ont renversé des dictateurs sanguinaires est sincère, pourquoi ne soutiennent-ils pas les autres révolutions ?
Où est l’opposition à la répression des manifestations en Arabie saoudite, au Bahrein et au Yémen ?
Cette semaine, Israël a lancé de nouvelles attaques aériennes sur la bande de Gaza – à notre connaissance, les Occidentaux n’ont pas menacé Israël d’une zone d’exclusion aérienne.
L’hypocrisie de l’impérialisme est évidente. Ces régimes sont ses alliés, et cela leur permet d’agir en toute impunité. L’Occident a soutenu Ben Ali et Moubarak jusqu’à ce qu’il soit clair que leur règne était terminé.
Le soutien de la Ligue arabe aux actions des occidentaux a été utilisé comme couverture. Pourtant la Ligue arabe est constituée par les mêmes dictateurs que ceux que les révolutions tentent de renverser.
Ils se sont montrés dans le passé de solides alliés de l’impérialisme occidental, et n’ont manifesté aucune compassion pour le mouvement populaire de leurs pays. D’ailleurs l’alliance commence à se fragmenter à mesure que la nature des bombardements devient claire.
Après le premier jour des bombardements, Amr Moussa, le chef de la Ligue arabe, a protesté : « Ce qui se passe en Libye s’éloigne de l’objectif qui était d’imposer une zone d’exclusion aérienne, ce que nous voulons c’est la protection des civils et non pas de nouveaux bombardements de civils. »
L’intervention occidentale n’a pas pour but de protéger des civils innocents ou d’appuyer la cause de la révolution.
Elle est destinée à garantir les accords conclus avec Kadhafi par le passé. Les puissances occidentales ont d’ailleurs dès le début mis des bâtons dans les roues à la révolution.
Le Conseil National de Transition Libyen (CNT) issu de la révolution a émis, dans les premières journées cruciales du soulèvement, une série de revendications simples. Il a demandé la reconnaissance du CNT, l’accès aux milliards bloqués du régime pour acheter des armes et des équipements essentiels, et la cessation immédiate des « vols mercenaires » qui fournissent ses fantassins au régime de Kadhafi.
Les gouvernements occidentaux n’ont accepté aucune de ces demandes. Leur objection aux ventes d’armes a été qu’elles pouvaient tomber entre les mains de « terroristes islamistes ».
Au lieu de cela, les gouvernements occidentaux ont posé à la révolution un certain nombre de conditions.
Ils ont exigé que le futur gouvernement libyen, quel qu’il soit, honore les contrats signés par Kadhafi et notamment les concessions pétrolières.
Ils ont exigé qu’une répression stricte des mouvements « islamistes » soit poursuivie, et que le futur gouvernement continue a assumer le rôle assumé par la Libye de chien de garde de la migration africaine en Europe du Sud.
L’occident s’est, dans la réalité, livré à un chantage contre la révolution.
« L’intervention humanitaire » a une histoire sanglante. Celle de la Guerre des Balkans, au cours des années 1990, s’est transformée en couverture pour les invasions de l’Afghanistan et de l’Irak.
Ces deux pays sont toujours occupés par des troupes. La guerre d’Afghanistan en est à sa dixième année.
La classe dirigeante a été profondément déstabilisée par l’énorme mouvement qui balaie le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, et elle utilise son intervention comme un moyen de rétablir son emprise et sa crédibilité.
Il n’y a aucune garantie que l’Occident va quitter la Libye rapidement, et le danger de partition du pays est réel.
La révolution libyenne n’est pas perdue – elle a été contrainte de faire des compromis.
Les exigences de liberté, de la suppression de la pauvreté et de l’oppression sont plus brûlantes que jamais, et le mouvement par en bas continue à donner de l’espoir pour l’avenir à long terme des peuples de la région.
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