FN : le danger ce n’est pas 2017, c’est le fascisme

par Denis Godard

25 mars 2015

Le FN pourrait-il gagner les présidentielles de 2017 ? Voilà le filtre de toutes les analyses dominantes qui paralysent et démobilisent la gauche en France. Selon ce filtre le Front National aurait subi un recul lors des élections du week-end dernier parce qu’il n’arrive pas en tête nationalement. Signe qu’il ne pourrait gagner des élections présidentielles.

Le FN s’implante

Et pourtant ! Ces élections départementales marquent une double progression du Front National, géographique et idéologique.

Au travers des campagnes locales et grâce à des élus le Front National s’enracine, construit un appareil militant, développe ses positions dans l’appareil d’Etat et augmente sa légitimité.

Ce week-end le Front National a ainsi encore une fois obtenu plus de 5 millions de voix à des élections, a priori, les plus difficiles pour un parti non encore institutionalisé. Ces élections concernent plus de 2000 cantons, zones très locales favorisant les partis notabilisés. Pour donner une idée, le Front National n’avait jusqu’ici qu’un élu sur ces cantons. Ce 22 mars, au premier tour - à la majorité absolue - il a déjà gagné 4 cantons. Et il sera présent au second tour dans 1100 autres ! Ces cantons sont regroupés au sein de 98 départements (les élus par cantons siègeront dans des conseils départementaux). Le Front National est arrivé en tête dans 43 de ces départements, soit près de la moitié !

Après les élections municipales il y a un an, où le Front National avait gagné 14 villes, certains voulaient se cacher derrière le fait qu’une fois élu le Front National serait décrédibilisé par sa gestion. Or dans les villes et régions où le Front National a été élu lors des dernières municipales, il progresse encore comme à Béziers dans le sud de la France.

Progression idéologique

Et il progresse aussi idéologiquement en entraînant ses membres et ses électeurs sur des positions de plus en plus dures.

A Béziers justement, une semaine avant les élections le maire avait organisé un rassemblement de nostalgiques de l’Algérie française pour débaptiser une plaque de rue célébrant la fin de la guerre d’Algérie et la remplacer par le nom d’un général de l’armée française putschiste !

Le FN présentait des candidats dans 93 % des cantons, ce qui signifiait près de 4000 candidatEs (car les listes sont constituées de binômes mixtes). Jamais autant de « dérapages » racistes et fascistes n’avaient été relevés chez les candidats FN que pendant cette élection. Ce qui n’a pas empêché le vote de progresser. Pire, quelques semaines avant les élections, des agriculteurs, aidés par le FN, ont organisé des milices armées pour bloquer violemment pendant plusieurs jours tous les accès à un camp d’activistes opposés à un projet de barrage dans le département du Tarn. Lorsque la police est finalement intervenue... c’était pour expulser les activistes. Quelques jours plus tard c’étaient des dockers CGT du port de St Nazaire, épaulés encore par des membres du FN, qui attaquaient des militants environnementaux. Dans le Tarn, le FN progresse à tel point qu’il sera présent au second tour dans 18 cantons sur 23.

La pire des solutions

Au soir du premier tour les représentants de la droite et du PS ont confirmé la politique du pire. Le premier ministre Manuel Valls a ainsi dénoncé le FN tout en disant vouloir entendre les aspirations de ses électeurs ! Et d’enchaîner sur les questions de sécurité... et de laïcité. La campagne des départementales a été dominée par des débats sur de nouvelles lois contre le foulard, la suppression des repas sans porc à l’école ou encore un renforcement de l’arsenal antiterroriste tandis que le gouvernement faisait passer un nouvel arsenal de mesures antisociales.

Le fascisme commence à triompher quand il s’empare de la société. Dans ce combat les conquêtes électorales ne sont qu’un des outils vers la conquête du pouvoir. Alors soyons clairs. Le résultat de ces élections montre de nouveaux pas en avant du fascisme en France.

La veille des élections, à l’occasion du 21 mars, plus de 10 000 manifestants, dans 20 villes en France ont défilé « ensemble contre tous les racismes et le fascisme » réclamant « l’égalité ou rien ! ». C’est la plus forte mobilisation sur ce terrain depuis des années. Cela donne certes une idée de l’ampleur de nos reculs. Combinée à une reprise des conflits sociaux, partiels et locaux, c’est pourtant sur cette base que la dynamique actuelle pourrait s’inverser. Il n’y a plus de temps à perdre.

Voir en ligne : En anglais

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