Le capital financier de Rudolf Hilferding

Comprendre et combattre le capitalisme et l’impérialisme

par Sylvestre Jaffard

20 octobre 2009

L’édition française, depuis longtemps épuisée, de ce classique du marxisme a récemment revu le jour sur Internet [1]. L’occasion de retrouver le fil d’une analyse toujours d’actualité.

Encore aujourd’hui, les trois volumes du Capital de Karl Marx constituent le point de départ irremplaçable de toute analyse sérieuse du capitalisme, de son histoire, des lois qui régissent son développement. Les travaux de Marx ont mis en évidence la nature de la marchandise, la loi de la valeur – c’est à dire le fait que celle-ci dépend de la quantité moyenne de travail socialement nécessaire pour produire une marchandise -, l’interrelation entre sphères de la production, de la circulation et de la reproduction, l’importance de la composition organique du capital (le ratio entre investissement dans les machines et autre « travail mort » et dans les salaires - « travail vivant »), la tendance à la baisse du taux de profit, et bien d’autres aspects encore de l’économie capitaliste. [2]

Mais l’analyse marxiste, dans le domaine de l’économie comme dans tout autre, serait complètement insuffisante si elle se limitait à répéter ce que Marx et Engels ont écrit. Le capitalisme mondial a connu depuis leur époque de profondes modifications, qu’un certain nombre d’auteurs ont cherché à analyser sur la base de leurs découvertes, en développant et en enrichissant leur travaux. Malheureusement, dans ce domaine comme dans d’autres, la contre-révolution stalinienne a produit son propre pendant idéologique, un marxisme défiguré dont la fonction fondamentale dans le domaine économique a été de justifier la politique des maîtres du Kremlin et dont les distorsions ont également influencé les travaux de militants révolutionnaires authentiques jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi la redécouverte des élaborations marxistes du premier quart du vingtième siècle est essentielle pour la reconstruction d’un marxisme actuel.

Le Capital Financier paraît en 1910. Hilferding est alors militant au SPD allemand, arrivé récemment de Vienne en Autriche dont il est originaire. Les développements dans le domaine de l’économie depuis l’époque de Marx comprenaient celui des sociétés par actions [3], des trusts et des monopoles : Hilferding montre comment le développement de la Bourse, en rendant disponible de manière très fluide le capital des entreprises productives et en permettant plus facilement la prise de contrôle des petits capitaux par les gros, mène à une concentration toujours plus grande du capital, ainsi qu’à la fusion progressive de l’industrie avec le secteur bancaire d’une part, et du capital avec l’État d’autre part.

Loin de calquer un modèle préconçu sur la réalité, Hilferding part d’une étude approfondie des développements économiques de son époque, et cite abondamment la presse économique, peignant ainsi une véritable fresque où l’abondance de détails est néanmoins rendue pleine de sens par la capacité d’Hilferding à pointer les tendances fondamentales du développement.

Un grand nombre d’explications techniques d’Hilferding reste d’ailleurs d’une actualité frappante. Ainsi quand il explique la prise de contrôle des petits capitaux par les gros par un mécanisme qui reste aujourd’hui celui de la holding :

un gros capital contrôlant une société par actions aura un poids beaucoup plus grand encore s’il ne s’agit plus d’une seule société, mais de tout un réseau de sociétés dépendant les unes des autres. Supposons que le capitaliste N contrôle avec un paquet d’actions de 5 millions la firme A, dont le capital-actions est de 9 millions. Supposons que cette société fonde une filiale B, un capital-actions de 30 millions, dont elle conserve 16 millions en portefeuille. Pour pouvoir payer ces 16 millions, A émet pour 16 millions d’obligations à intérêt fixe, qui ne possèdent pas le droit de vote. N contrôle maintenant avec ses 5 millions deux sociétés, par conséquent un capital de 39 millions. A et B peuvent, sur la base des mêmes principes, fonder de nouvelles sociétés, de sorte que N obtient avec un capital relativement faible le contrôle de capitaux étrangers énormes. [4]

Le capital financier et le débat sur l’impérialisme

Mais le développement de la bourse et des trusts n’était pas le seul phénomène d’importance mondiale auquel les marxistes contemporains d’Hilferding étaient confrontés. Depuis la fin du dix-neuvième siècle, le développement du capitalisme signifiait de manière bien plus aiguë qu’auparavant la prise de contrôle par les capitalistes des pays les plus développés des ressources naturelles, des industries et des réseaux commerciaux des pays moins développés, la lutte entre capitaux rivaux prenant souvent une forme militaire.

Le Capital financier est tout à la fois un livre scientifique et un livre militant, qui constituait une intervention dans un débat qui faisait rage au sein de la Deuxième Internationale. Deux ans avant sa publication, Otto Bauer écrivait La question des nationalités et la social-démocratie, trois ans plus tard paraissait L’Accumulation du Capital où Rosa Luxemburg proposait son analyse des liens entre développement du capitalisme et impérialisme, un an après cela éclatait la guerre mondiale, et la crise du mouvement ouvrier international alors que la plupart des partis de la deuxième internationale s’alignaient derrière leurs classes dirigeantes pour soutenir et financer le massacre interimpérialiste. En 1915, s’appuyant notamment sur les travaux d’Hilferding, Boukharine rédige Impérialisme et économie mondiale, et en 1916, c’est Lénine qui rédige L’impérialisme, stade suprême du capitalisme. L’analyse de l’impérialisme par les bolcheviks comme étant la forme contemporaine du capitalisme, menant inévitablement à des guerres, au renforcement de l’État et à la militarisation de la société (ce qui signifie recul par rapport aux conquêtes démocratiques du 19e siècle) allait jouer un rôle central dans l’élaboration des orientations qui allaient mener le parti bolchevik à survivre à la tempête de l’année 1917 et à en sortir victorieux.

Hilferding et les débats actuels :

1. capital industriel et capital financier

La relecture du Capital financier n’a pas un intérêt uniquement historique : elle peut nous apporter de précieux éléments de compréhension de notre monde, pourvu bien sûr que nous sachions distinguer ce qu’il y a en commun entre son époque et la nôtre, et ce qui est différent.

- Souvent à gauche, le « capital financier », la « spéculation » sont compris comme des entités possédant une certaine autonomie, et qui agiraient comme des parasites sur l’économie. Par exemple en mai 2008, le PCF a lancé un appel « Contre la spéculation, changeons l’action des banques pour un autre crédit  » [5] où il est proposé entre autres mesures que les banques centrales refinancent «  les banques avec des taux d’intérêt d’autant plus abaissés pour les crédits aux investissements réels que sont programmés plus d’emplois et de formations efficaces. Au contraire, les taux seraient fortement relevés pour les placements financiers. ». Mais en réalité il est impossible de distinguer un « investissement réel » d’un « placement financier ». L’achat d’une action, de machines ou d’un stock de marchandises est toujours motivé par le bénéfice qui peut en être tiré, lequel peut dériver soit des mouvements temporaires de prix – spéculation – soit de l’extraction directe de plus-value – mais d’une part il est généralement difficile de déterminer la part des deux, et d’autre part, les profits spéculatifs ne sont de toute façon jamais qu’une ponction sur la plus-value totale. Ils ne sont pas une ponction sur l’investissement productif lui-même. Hilferding explique :

Les gains ou les pertes de la spéculation ne proviennent par conséquent que des différences des appréciations à chaque moment des titres d’intérêt. Ils ne sont pas du profit, une participation à la plus-value, mais ne proviennent que des différences d’appréciation concernant cette partie de la plus-value qui revient aux propriétaires d’actions, différences qui, nous le verrons, ne sont pas provoquées par des changements dans le profit vraiment réalisé. Ce sont de simples gains différentiels. Tandis que la classe capitaliste en tant que telle s’appro prie une partie du travail du prolétariat sans équivalent et obtient son profit de cette manière, les spéculateurs ne gagnent que les uns sur les autres. La perte de l’un est le bénéfice de l’autre. [6]

Il existe d’ailleurs dans l’histoire y compris contemporaine du capitalisme de nombreux secteurs où la spéculation joue un rôle restreint ou nul, et est remplacé par la planification : monopoles privés ou d’État, politiques industrielles « keynesiennes », « développementistes » [7] ou « capitalistes d’État » [8] qui n’en sont pas moins des modes d’extraction de plus-value au bénéfice d’une minorité dirigeant l’économie. C’est pourquoi s’attaquer à la spéculation en la considérant de façon isolée du reste du système capitaliste fait courir le risque de se tromper de cible. D’une certaine manière la situation ressemble à celle d’une population victime d’invasions et de pillage qui demanderait aux pillards de cesser de jouer leur butin et leurs territoires aux dés, et de plutôt se concerter entre eux afin de procéder à un pillage mieux organisé.

Le capital financier, comme le capital commercial ne sont en définitive que des formes du capital industriel, ou du capital tout court, formes qui correspondent aux différentes phases du processus de reproduction du capital. Hilferding cite à ce propos Marx :

Une partie du capital industriel et aussi du capital de circulation des marchandises a non seulement en permanence la forme d’argent, de capital-argent en général, mais de capital-argent engagé dans ces fonctions techniques. Une certaine partie du capital global se sépare et devient autonome sous forme de capital-argent, dont la fonction consiste exclusivement à effectuer ces opérations pour toute la classe des capitalistes industriels et commerciaux. Comme pour le capital de circulation des marchandises, une partie du capital industriel existant dans le processus de circulation sous forme de capital-argent se sépare et effectue ces opérations du processus de reproduction pour tout le reste du capital. Les mouvements de ce capital-argent ne sont par conséquent de nouveau que des mouvements d’une partie devenue autonome du capital industriel engagé dans son processus de reproduction. [9]

Le développement de la sphère financière est en fait un des moyens par lesquels passe la concentration à un stade supérieur du capital, et l’unification à un stade supérieur du capitalisme comme système, non plus comme au 19e siècle seulement par l’échange généralisé à l’échelle d’une économie et à l’échelle mondiale de marchandises, mais par l’échange et la tendance à la fusion généralisée de la propriété des moyens de production et de distribution eux-mêmes, à l’échelle d’une économie et à l’échelle mondiale [10].

2. Nature de l’impérialisme

On se souvient qu’alors que le mouvement altermondialiste avait été désorienté par les suites du 11 septembre 2001, le mouvement anti-guerre lui avait permis de se revitaliser lors du FSE de Florence en 2002, puis lors des grandes manifestations de 2003. Cependant, de l’intérieur du mouvement et à sa tête, des résistances se sont fait jour à la jonction entre les mouvements d’opposition à la mondialisation néolibérale avec le mouvement anti-guerre, et plus généralement pour la défense des populations victimes de la dite « guerre contre le terrorisme ». Bernard Cassen, alors président d’honneur d’Attac France et à ce titre un des principaux animateurs du processus des forums sociaux, avait résumé cette dissociation en déclarant « Que la guerre éclate ou non, les B-52 et les forces spéciales n’altéreront pas la pauvreté au Brésil ou la faim en Argentine. » [11]

En réalité le développement de l’impérialisme sous son aspect militaire est absolument indissociable du développement du capital financier. Non pas seulement au sens général qui voudrait dire que ce sont deux phénomènes contemporains qui influeraient l’un sur l’autre, mais au sens où il s’agit essentiellement de différents aspects du même phénomène.

Comparer les écrits de Karl Marx d’un côté, ceux d’Hilferding et de Lénine de l’autre, est très éclairant à cet égard. Marx, écrivant sur le monde de son époque, a analysé l’exportation de capital (autrement dit l’investissement) dans les pays moins développés comme la possibilité d’obtenir des profits plus élevés (en utilisant une main d’oeuvre surexploitée, voire esclave) [12] d’une part et d’autre part le système colonial en tant que distribution de terres à des petits paysans (comme ce fut le cas aux États-Unis, en Australie, ou en Algérie au 19e siècle) comme un frein au développement du capitalisme [13]. Marx parle du développement du marché mondial, des guerres menées par les pays capitalistes avancés pour ouvrir des marchés nouveaux, mais le caractère impérialiste du système capitaliste n’est pas pour lui une donnée centrale. Ce n’était pas là une erreur de sa part : il a fallu attendre le développement de concentrations géantes de capitaux – trusts, monopoles, cartels – pour que ce qui n’était que tendances naissantes se détachent pour marquer une nouvelle époque, où capitaux et États se rapprochent de plus en plus, voire fusionnent.

Le capital financier signifie en fait l’unification du capital. Les secteurs, autrefois distincts, du capital industriel, commercial et bancaire, sont désormais sous le contrôle de la haute finance, où les magnats de l’industrie et des banques sont étroitement associés. Association elle-même fondée sur la suppression de la libre concurrence des capitalistes entre eux par les grandes unions à caractère de monopole, qui a naturellement pour conséquence de changer les rapports de la classe capitaliste avec le pouvoir d’État. [14]

En fait cette négation de la concurrence au niveau d’un seul État ne fait que créer les conditions pour le développement d’une concurrence exacerbée entre blocs de capitaux liés à des États connaissant de hauts niveaux de concentration et d’accumulation. Cette lutte s’opère soit directement entre ces États, soit indirectement, pour le contrôle et l’asservissement d’économies moins développées. Elle peut avoir lieu sur le terrain commercial ou militaire. D’une manière ou d’une autre, cette lutte d’un type nouveau bouleverse de fond en comble les sociétés des pays retardataires.

« si les nouveaux marchés ne sont plus de simples territoires de débouchés, mais des sphères de placement de capital, cela a pour conséquence un changement dans l’attitude politique des pays exportateurs de capital.

Le commerce, dans la mesure où il n’était pas commerce colonial, c’est-à-dire vol et pillage, mais commerce avec une population blanche ou jaune capable de résistance et relativement développée, laissa longtemps intactes les structures sociales et politiques de ces pays et se limita uniquement aux relations économiques. Aussi longtemps qu’il existe un pouvoir d’État, capable de maintenir un semblant d’ordre, la domination directe a moins d’importance. Cela change avec la prédominance de l’exportation de capital, qui met en jeu des intérêts beaucoup plus vastes. Quand on construit à l’étranger des voies ferrées, qu’on y acquiert de la terre, qu’on y installe des ports, qu’on y ouvre et qu’on y exploite des mines, le risque est beaucoup plus grand que quand on se contente d’acheter et de vendre des marchandises.
L’état arriéré des rapports juridiques devient ainsi un obstacle, et le capital financier exige de plus en plus impérieusement qu’on l’écarte, au besoin par la violence. D’où les conflits de plus en plus graves entre les pays capitalistes développés et le pouvoir d’État des pays retardataires, des tentatives de plus en plus pressantes en vue d’imposer à ces derniers les règles de droit en vigueur dans les premiers, que ce soit en ménageant ces pouvoirs d’État, soit en les détruisant purement et simplement. [15]

L’impérialisme et la révolution

L’impérialisme ne signifie pas seulement l’écrasement de l’indépendance économique et politique dans les pays dominés : dans les pays impérialistes eux-mêmes, le développement de l’impérialisme signifie le renforcement du pouvoir de l’État et la remise en cause permanente des libertés démocratiques.

Ainsi l’idéologie de l’impérialisme apparaît comme une victoire sur les vieilles idées libérales. Elle raille leur naïveté. Quelle illusion, dans le monde de la lutte capitaliste, où la supériorité des armes décide de tout, de croire à une harmonie des intérêts ! Quelle illusion d’attendre le Royaume de la paix éternelle, de prêcher le droit des peuples là où seule la force décide du sort des peuples ! Quelle folie de vouloir porter le règlement des rapports de droit à l’intérieur des nations au-delà des frontières nationales, quelle perturbation irresponsable des affaires que cette stupidité humanitaire qui a fait des ouvriers un problème, invente à l’intérieur la réforme sociale, et veut abolir dans les colonies l’esclavage par contrat, la seule possibilité d’exploitation rationnelle ! La Justice éternelle est un beau rêve, mais ce n’est pas avec de la morale qu’on construit des voies ferrées. Comment pourrons-nous conquérir le monde si nous voulons attendre la conversion de la concurrence ?

Hilferding peut dès lors déceler les tendances qui se déchaînèrent lors de la première guerre mondiale, puis dans les fascismes.

L’impérialiste (...) regarde avec des yeux durs et clairs la masse des peuples et voit dressée au-dessus d’eux sa propre nation. Elle est réelle et vit dans l’État puissant, de plus en plus puissant ; c’est à sa grandeur qu’il voue tous ses efforts. La soumission de l’intérêt individuel à un intérêt général plus élevé, qui est le fondement de toute idéologie sociale viable, est ainsi acquise, l’État étranger au peuple et la nation elle-même solidement unis et l’idée nationale mise en tant que force motrice au service de la politique. Les antagonismes de classe ont disparu et se sont fondus dans le service de la communauté. A la lutte des classes, dangereuse et sans issue pour les possédants, s’est substituée l’action commune de la nation unie dans le même idéal de grandeur nationale.
(...)
Comme la soumission de nations étrangères se fait par la force, c’est-à-dire par un moyen très naturel, la nation dominante semble devoir sa domination à ses qualités naturelles particulières, par conséquent à ses qualités de race. L’idéologie raciste est ainsi une justification sous déguisement scientifique des ambitions du capital financier, qui s’efforce de prouver par là le caractère scientifique et la nécessité de son action. A l’idéal d’égalité démocratique s’est substitué un idéal oligarchique de domination. [16]

Quelques années plus tard, Lénine allait insister dans de nombreux textes sur cette modification du caractère de l’État à l’époque impérialiste pour expliquer l’impossibilité d’un passage graduel au socialisme par l’utilisation des institutions démocratiques survivantes. Il est par exemple frappant de lire sa réponse en 1918 à Karl Kautsky, qui avait cité dogmatiquement un passage de Marx évoquant dans les années 1870 la possibilité d’un passage pacifique au socialisme en Angleterre ou aux États-Unis en prétendant qu’il en était toujours de même.

y avait il dans les années 70 quelque chose qui fît de l’Angleterre et de l’Amérique une exception sous le rapport envisagé ? (...) Cette question une fois posée, on ne saurait douter de la réponse : la dictature révolutionnaire du prolétariat, c’est la violence exercée contre la bourgeoisie ; et cette violence est nécessitée surtout (...) par l’existence du militarisme et de la bureaucratie. Or, ce sont justement ces institutions, justement en Angleterre et en Amérique, qui, justement dans les années 70 du XIX° siècle, époque à laquelle Marx fit sa remarque, n’existaient pas. (Maintenant elles existent et en Angleterre et en Amérique.) (...) L’« historien » Kautsky fausse l’histoire avec tant de cynisme qu’il « oublie » l’essentiel : le capitalisme prémonopoliste, dont l’apogée se situe précisément entre 1870 et 1880, se distinguait, en raison de ses caractères économiques primordiaux qui furent particulièrement typiques en Angleterre et en Amérique, par le maximum toutes proportions gardées de pacifisme et de libéralisme. L’impérialisme, lui, c’est-à-dire le capitalisme de monopole, dont la maturité ne date que du XX° siècle, se distingue, en raison de ses caractères économiques primordiaux, par le minimum de pacifisme et de libéralisme, par le développement maximum et le plus généralisé du militarisme. [17]

À l’époque de la guerre sans limites, de Guantánamo, des prisons secrètes, du fichage généralisé, de la répression policière/militaire des mouvements sociaux, de la soumission chaque jour plus évidente des gouvernements aux intérêts des grands groupes, comment ne pas reconnaître dans ces phrases le monde d’aujourd’hui ?

Notes

[1Rudolf Hilferding, Le Capital financier

[2Pour une présentation des principaux concepts de Marx voir Les idées révolutionnaires de Karl Marx, Alex Callinicos, Syllepse 2008.

[3Marx parle par moments des sociétés par actions, encore relativement peu développées à son époque.

[4Le capital financier, chapitre VII. Sur les holdings voir Wikipedia

[6Le capital financier, chapitre VIII.

[7Comme par exemple en Egypte sous Nasser ou en Inde sous Nehru.

[8Comme en URSS ou en Chine.

[9Rudolf Hilferding, Le capital financier, chapitre X. La citation de Marx provient du tome III du Capital, chapitre XIX.

[10Rudolf Hilferding, Le capital financier, chapitre X. Il faut noter que c’est la concentration du capital sous toutes ses formes qui constitue ici le phénomène essentiel, alors que le développement de la sphère financière n’en est qu’un aspect et un moyen. Hilferding ne néglige d’ailleurs pas les autres formes, en premier lieu la mise en faillite des petits capitaux et leur absorption par les oligopoles, et d’autre part la formation de cartels. On peut cependant regretter que l’utilisation centrale du terme «  capital financier  », ainsi que certaines formulations du livre laissent entendre que la phase du capitalisme qui est décrite est caractérisée par la domination d’un secteur du capital sur un autre distinct (industriel), et non par un degré supérieur de concentration du capital. C’est en tous cas là une erreur qui connut un large succès par la suite, comme nous venons de le voir.

[11New Left Review 19, Janvier-février 2003, http://www.newleftreview.org/A2431 .

[12Karl Marx, Le Capital III, Chapitre XIV.

[13Karl Marx, Le Capital I, Chapitre XXXIII.

[14Rudolf Hilferding, Le Capital financier, chapitre XXI. Voir note 10.

[15Rudolf Hilferding, Le capital financier, chapitre XXII.

[16Ibidem.

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